L'une des histoires les plus folles du renseignement britannique, qui a grandement inspiré l'oeuvre de John le Carré, et racontée ici avec une élégance folle.
Le timing est parfait. À l'heure où OCS vient de perdre les oeuvres prestiges HBO de son catalogue, elle accueille aujourd'hui une nouvelle série de luxe à découvrir absolument : A Spy Among Friends. Un drama historique venu d'Angleterre, qui raconte l'histoire vraie de Kim Philby, espion du MI6, qui a joué double jeu pendant des décennies, au nez et à la barbe de ses supérieurs britanniques, avant de s'enfuir en URSS au début des années 1960. La mini-série, en 6 épisodes, explore la petite histoire dans la grande, c'est-à-dire sa relation avec Nicholas Elliott, collègue et ami cher des services secrets, mis dans l'oeil du cyclone par cette défection cinglante et humiliante pour le gouvernement de sa Majesté...
Méconnue de ce côté-ci de la Manche, la trahison de Kim Philby est passée à la postérité chez nos voisins, comme une page brutale des livres d'Histoire consacrés à la Guerre Froide. Une légende à peine croyable, qui a inspiré nombre de romanciers d'espionnage, à commencer par le maître en personne, John le Carré, qui a beaucoup puisé chez Philby pour dessiner ses personnages (comme dans La Taupe, paru en 1974).
D'une certaine manière, A Spy Among Friends lui rend hommage. S'il ne s'agit pas d'une adaptation de le Carré à proprement parler - mais d'une adaptation du livre éponyme de Ben Macintyre (paru en 2014) - la mini-série traîte le genre de la manière la plus noble qui soi. Laissant les Walther PPK dans leurs étuis, elle place plutôt l'action dans des salons feutrés de Londres ou dans les bureaux du MI6. Là où Nicholas Elliott est longuement interrogé sur sa relation avec Philby. Était-il au courant ? Était-il de mèche ? Était-il horriblement naïf ? Le drama joue avec les mécanismes de l'espionnage mais ne se contente pas d'en sublimer les rouages. Il interroge au passage les êtres, ces espions qui jouent à ce jeu de dupes depuis trop d'années, emmêlés dans leurs multiples facettes. Avec une élégance folle, le créateur Alexander Cary (un ancien de Homeland) parvient à peindre des personnages insaisissables. Philby n'est pas le méchant Bondien de cette histoire. Elliott n'est pas la victime expiatoire de ses crimes. Leur histoire est plus complexe que cela et se dénoue au fil de 6 épisodes fascinants, envoûtants.
Une valse de faux-semblants que mènent Guy Pearce et Damian Lewis avec une classe aveuglante, donnant à cette affaire d'Etat une amplitude émotionnelle inattendue. Un grand roman d'amitié et d'espionnage.
A Spy Among Friends, mini-série en 6 épisodes à voir dès le mardi 3 janvier sur OCS.
Commentaires