En roue libre, le réalisateur livre un film d’action impressionnant au scénario bête, fun et méchant.
À l’annonce du transfert de Michael Bay sur Netflix, tout le monde a cru à une plaisanterie : comment son cinéma purement visuel pouvait-il s’accommoder de l’écran d’un smartphone ? Ca n’a duré qu’un temps. Les habitudes changent. Celles des spectateurs et celles des cinéastes aussi. Quand Netflix a accepté de mettre 150M$ dans son nouveau film, Bay n’a pas sourcillé. Quel studio aurait pu rivaliser avec le géant du streaming et lui offrir les moyens dont il rêvait ? 6 Underground n’est pas -encore- une franchise, son profil est plutôt celui de 13 hours ou No Pain, No Gain, des films, certes moins coûteux, qui n’ont pas franchi les 100M$ de recettes monde. Netflix, donc.
Ecrit par Rhett Reese et Paul Wernick, les deux scénaristes de Deadpool, 6 Underground est un pur film de commando comme on les aime. L’équipe est composée de quatre hommes et de deux femmes, avec à leur tête un milliardaire, un génie de la technologie qui les a réunis pour combattre les méchants. C’est tout ? À peu près. L’originalité, si tant est qu’il y en ait une, réside dans le statut de ces mercenaires philanthropes, qui sont tous officiellement décédés, donc sans attaches, donc intouchables. Pour le reste, nous sommes en terrain connu : 6 Underground, c’est Mission : Impossible sans les états d’âme et les cascades live de Tom Cruise mais avec la testostérone de Michael Bay et l’humour potache de Ryan Reynolds. La mission auto-assignée du commando ? Débarquer un tyran du “Turgistan” qui massacre tranquillement son peuple devant les caméras du monde entier pour le remplacer par son frère démocrate. « Qui me tuera ? Les États-Unis m’ont créé, la Russie m’a armé », ironise le dictateur qui contemple longuement un portrait de Napoléon. Si vous espériez des leçons subtiles de géopolitique, vous vous êtes trompés de programme.
L’attente est évidemment ailleurs. Dans les scènes d’action et les réjouissantes blagues bas du front caractéristiques du style Bay. Tout commence fort par une séquence de poursuite en bagnoles à travers Florence, longue de vingt minutes. Montage stroboscopique, rock FM poussé à fond, nonnes qui font des doigts, crottes de pigeon sur le pare-brise, placement de produits ostentatoire... Du pur cartoon, fun, trash et hyperviolent, qui en jette plein les mirettes et les oreilles, même sur l’écran d’un ordinateur portable. Cette débauche d’énergie culmine dans un final bluffant où la notion d’apesanteur est redéfinie par un techno-gadget aussi ingénieux qu’improbable. Tout le projet du film est contenu dans cette séquence qui illustre la maîtrise du cinéaste-pyromane, déterminé à repousser les limites du chaos qu’il a soigneusement organisé.
Un dernier mot sur Mélanie Laurent, l’invitée surprise du film. Elle est plutôt très convaincante en ex-agente de la CIA badass dont Bay exploite à merveille la silhouette affûtée et les yeux clairs. Elle ne dépare pas ce commando composé, indépendamment de Reynolds, de solides acteurs de complément (Manuel Garcia-Rulfo, Corey Hawkins, Dave Franco...).
6 Underground, disponible sur Netflix
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