14ème épisode du Marvel Cinematic Universe : un nouveau personnage mais peu de nouvelles idées. Critique.
Doctor Strange sera diffusé pour la première fois sur TF1 dimanche soir. Vaut-il le coup ? Voici notre critique, publiée à sa sortie, en octobre 2016, en attendant des infos sur sa suite...
Marvel Cinematic Universe, Saison 3, épisode 2 : "Doctor Strange". Voilà comment on pourrait appeler le quatorzième opus du MCU et deuxième de la "Phase Trois" initiée par Captain America : Civil War. Doctor Strange incarne à la fois la qualité et le défaut intrinsèque de la méthode Kevin Feige -le tout puissant mastermind du MCU. Dans l'optique de faire des films comme des méga-épisodes de séries, le foirage reste exceptionnel (Iron Man 2) et la routine bien agréable à voir (Ant-Man). Doctor Strange, c'est la routine. C'est l'histoire d'un super neurochirurgien cool, doué, riche et arrogant qui se plante en bagnole, perd l'usage de ses mains et va s'initier aux superpouvoirs mystiques dans une fraternité de sorciers cachés au Népal et défendant la Terre des menaces extra-dimensionnelles. Benedict Cumberbatch en golden boy cool (il opère en écoutant du jazz) mais terriblement arrogant. Qui va être transformé en superhéros, donc passer de l'égoïsme à l'altruisme, par le truchement d'un accident brutal. C'est donc un ersatz du Tony Stark de Robert Downey Jr., le marchand d'armes alcoolo cool qui change son corps et son âme grâce à une invention. On connaît ça par cœur. Tout comme le grand méchant du film, blindé du charisme de Mads Mikkelsen, mais qui n'est rien d'autre qu'un énième mec qui veut ravager le monde. On pourrait se plaindre longtemps du côté routinier de la chose, tout comme du rôle de Rachel McAdams -tout à fait excellente, cependant- réduite à celle d'infirmière du héros. Scott Derrickson, à qui l’on doit les films d’horreur L'Exorcisme d'Emily Rose et Sinister, à la réalisation, ne présageait de toutes façons pas des étincelles.
Batman Begins + Inception + Matrix + Sherlock + 50 Nuances de Grey = Doctor StrangeHeureusement, il y a l'action. Lorsque Strange est initié aux "arts mystiques", il pénètre dans d'autres dimensions et c'est là où le film -comme son héros- se réveille. Les bastons entre gentils et méchants se déroulent principalement dans une certaine "Dimension Miroir" où ils peuvent librement utiliser leurs pouvoirs, et le décor environnant se tord dans un mélange d’Inception et Matrix, la caméra jouant avec la gravité et la perspective comme dans un kaléidoscope géant. C'est extrêmement impressionnant. Sans pour autant faire oeuvre de syncrétisme total comme le faisait le chef-d'oeuvre des Wachowki en son temps, sans atteindre le niveau de délire de la BD 60s des origines bourrée de couleurs et d'inventions (et paraît-il très appréciée des étudiants américains fumeurs de joints de l'époque), Doctor Strange atteint dans sa deuxième partie une forme d'aboutissement gentiment psychédélique. Le directeur de la photo Ben Davis et le production designer Charles Davis étaient déjà à l'oeuvre sur Thor : le Monde des ténèbres et Les Gardiens de la Galaxie, ce qui explique que Strange se raccorde avec l'aspect science-fiction décalée du MCU. Le film s'éveille, et le spectateur aussi : initialement réticent et un poil irrité à l'idée de revoir les mêmes choses, on finit par être franchement réjouit par une scène finale qui manipule l'espace et le temps avec un véritable brio visuel à défaut d'être narratif (remonter le temps, réparer/revivre ses erreurs : cette idée déchirante, imparfaitement exploitée). Le film nous oppose aussi une barrière critique où l'on réalise qu’on n'a pas grand-chose de plus à dire sur ce quatorzième superfilm Disney/Marvel. C'est la méthode Feige. Doctor Strange, l'épisode du MCU du deuxième semestre 2016, n’est pas un épisode pivot (comme Civil War) mais reste une bonne introduction d’un nouveau personnage dans la série - cf. la scène mi-générique, évidemment à ne pas louper, qui montre que Strange a un avenir assuré dans le futur de la franchise. Rendez-vous donc au prochain épisode.
Honest Trailer de Doctor Strange : "C’est Iron Man sous droooogue"Bande-annonce de Doctor Strange, en salles le 26 octobre :
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