Charles Willeford : un exilé au paradis Méconnu et quasiment ignoré dans notre pays (malgré la traduction quasi-complète de son oeuvre par les éditions Rivages) Charles Willeford, disparu en 1988 à l'âge de 68 ans, méritait pourtant bien, ne serait-ce que pour un livre de la trempe de L'île flottante infestée de requins (et pour sa série des Hoke Moseley bien sûr), de figurer au panthéon des écrivains de polar. Personnage hors-normes du polar américain, Charles Willeford fut aussi un vrai aventurier. Né le 1er février 1919 à Little Rock dans l'Arkansas, Willeford perd très tôt ses deux parents. Il est élevé seul par sa grand-mère jusqu'à ses 12 ans, où, comprenant qu'il est un poids pour son aïeul, il décide de prendre la route et de vivre par ses propres moyens. Les choses étant ce qu'elles sont à cet âge, il traverse le pays en hobo, prenant des trains de marchandises en marche et survivant comme il le peut pendant la grande dépression de 1929. A 16 ans, il ment sur son âge et s'engage dans la garde nationale en Californie. L'armée, mère nourricière des pauvres et des déshérités, ne le quittera plus. Toute sa vie, Willeford effectuera des allers et retours dans ses rangs. Il est affecté un temps aux Philippines, et la seconde guerre mondiale arrivant, est envoyé en France où il participe à la libération. Il sera même décoré de la Silver Star, pour son intervention en tant que commandant de char. Après guerre, sa vie est une suite de voyages. Il parcourt le monde, de la France (ou il étudiera l'art) au Japon, avant de revenir aux Etats-Unis en 49, époque où il se marie pour la première fois. Une union qui ne durera pas. Fraîchement (et rapidement) divorcé, il part au Pérou étudier les Beaux-Arts avant de se réengager dans les forces armées et d'être envoyé en Californie du nord. C'est à cette époque qu'il commence à écrire. En 1953, sort son premier roman, Les Grands Prêtres de Californie. Mais Willeford va mal. Le manque de reconnaissance du public le tue à petit feu. L'écrivain sombre dans la dépression. Il trouvera tout de même la force d'écrire un second livre, Combats de coqs, qui ne sera jamais pas publié, son éditeur venant de mourir. Cela achève Willeford qui abandonne l'écriture pour presque dix ans. C'est en Floride, où il enseigne l'écriture à l'Université, qu'il se remettra en selle. Il signe Hérésie, un roman noir psychologique, qui paraît en même temps qu'une réédition de Combats de coqs. Le livre est acheté par Hollywood et Monte Hellman le réalise en 1974. Malheureusement, une nouvelle fois dans l'indifférence générale. Willeford s'enferme de nouveau dans le mutisme littéraire 10 ans durant. Il n'écrira plus rien jusqu'en 1984, époque où il publiera le saisissant Miami Blues (adapté à l'écran avec Alec Baldwin) : un flamboyant portrait de psychopathe dans une Floride urbaine et amorale, contre lequel viendra se heurter Hoke Moseley, certainement le flic le plus piteux de l'histoire du polar. Un personnage récurent qui apparaîtra dans les quatres livres suivant de Willeford, les excellents Une seconde chance pour les morts, Dérapages, et Ainsi va la mort. Hors-cycle, Willeford écrira ce qui restera certainement comme son oeuvre la plus ambitieuse, L'île flottante infestée de requin, un portrait à la fois hilarant et terrifiant d'une région vouée aux pires démons, symbolisés par quatre célibataires irresponsables capable du pire pour tuer l'ennui. Le tout raconté avec la noirceur d'un David Goodis, et l'humour d'un Donald Westlake. C'est sans doute à ce jour la plus éloquente charge contre cette partie des Etats-Unis. Reconnu sur le tard, Charles Willeford n'aura malheureusement pas le temps de profiter de son succès, avant la crise cardiaque qui l'emportera le 27 mars 1988.
Nom de naissance | Charles Willeford |
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Naissance |
Little Rock, Arkansas, USA |
Décès | |
Profession(s) | Scénariste |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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1977 | Un cocktail explosif | Acteur | le barman | |
1974 | Cockfighter | Scénariste | - |