Nom de naissance Alpha Blondy
Avis

Biographie

Alpha Blondy a été le premier reggaeman africain à bénéficier d'une audience internationale. Il fait son entrée sur scène au tout début des années 80s avec "Brigadier Sabari" un titre extrait de Jah Glory, son premier album qui contient aussi une autre antienne : "Rasta poué". D'ailleurs, s'il ne fallait garder que quelques disques dans sa longue carrière, ce serait sans conteste toutes ses productions de cette décennie. Après, c'est une autre histoire... Son aventure commence très exactement le 1er janvier 1953. Ce jour-là, Seydou Koné — qui ne s'appelle pas encore Alpha Blondy — vient au monde à Dimbokro, en Côte d'Ivoire. Elevé par sa grand-mère, il découvre la musique au cours de sa scolarité ; en particulier au lycée où il monte un groupe baptisé les Atomic Vibrations. Par la suite, il partira aux Etats-Unis pour poursuivre ses études (langue et commerce). Comme tout le monde, il enchaîne petits boulots et désillusion... Quelques événements augurent toutefois de sa vie future. Un concert de Burning Spear en 1976 à Central Park, à New York, le marque et scelle définitivement son inclinaison pour la "philosophie" rasta. Un job chez "le plus grand distributeur de musiques chrétiennes" qui explique, peut-être aussi, pourquoi il voit Dieu partout... Et enfin (surtout ?) une première tentative d'enregistrement avec Clive Hunt, un producteur réputé qui a travaillé avec The Abyssinians, Max Romeo, Dennis Brown. Mais le projet tourne court.En 1980, retour à la case départ. Pourquoi chercher si loin ce que l'on a si près... Le destin d'Alpha Blondy semble illustrer ce proverbe puisque c'est en Côte d'Ivoire et grâce à un ami d'enfance qu'il sort son 1er disque et connaît ses premiers succès. Suivra Cocody Rock !!! album et morceau éponyme enregistré avec les Bob Marley qui l'inscrit dans les charts. On préférera toutefois le titre "Interplanetary revolution" avec sa tonalité plus froide et synthétique. Mais le style d'Alpha Blondy ce caractérise essentiellement par un reggae chaloupé, classique et mystique. C'est d'ailleurs ce mysticisme ou plutôt un oecuménisme forcené qui le perdra plus tard. Mais pour l'heure, Alpha Blondy continue son "ascension" avec des albums comme Apartheid Is Nazim, Jerusalem (conçu à Tuff Gong à Kingston, en Jamaïque) et Revolution qui contient le très niais "Sweet Fanta Diallo" et surtout "Jah Houphoët Boigny nous parle". Un "ovni transdubalique" très instructif. Il s'agit d'un extrait d'un discours fleuve de l'ancien président de la Côte d'Ivoire mixé sur du dub très hypnotique. Le "Vieux" égrène ses souvenirs et nous parle d'un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître, lorsqu'il y avait des députés noirs à l'assemblée nationale. Les alliances, les compromissions ou les prises de positions qu'ils ont dû faire face aux partis "néolithiques" gaulois de l'époque (MRP, SFIO)...Cette période faste, musicalement s'entend, se clôt avec The Prophets qui paraît en 1989. La suite est une longue succession de bouffées délirantes, de déisme effréné et de pétage de plombs... Certes, les problèmes personnels et l'herbe du diable ne doivent pas arranger mais c'est surtout dieu qui l'empoisonne. A vouloir le conjuguer dans toutes les langues, Alpha Blondy s'est brûlé les ailes et sans doute quelques neurones... Reste qu'il demeure une figure du reggae que le public, particulièrement français comme en témoigne les lives à Bercy et au Zénith, apprécie en concert avec le Solar System. Et on ne peut que saluer ses prises de positions politiques sur la guerre civile en Côte d'Ivoire, bien évidemment (et en dépit de controverses maladroites...) mais aussi sur les enfants-soldats et les maux endémiques qui accablent le continent africain. Et sur ce plan, Tiken Jah Fakoly est bel et bien son "disciple"...