Une Ode Américaine
Netflix

La critique n'est pas tendre avec ce portrait de l'Amérique profonde : "Le réalisateur Ron Howard a réalisé ce qui est sans doute le pire film de sa carrière".

Hollywood et Ron Howard ont voulu adapter les mémoires de J.D. Vance, Hillbilly Elegy, qui racontait en 2016 sa jeunesse de "plouc" de l'Amérique profonde (ceux qu'on appelle les "Hillbillies"). Le film, intitulé en France Une Ode Américaine, vient de sortir dans quelques salles aux USA et arrivera sur Netflix partout dans le monde le 24 novembre prochain. Mais dans une Amérique totalement divisée par Trump, en pleine guerre électorale, cette vision grossière de la base des "Red States", par les libéraux des "Blue States", fait sérieusement grincer des dents outre-Atlantique. Le réalisateur, Ron Howard, qui levait récemment des fonds pour Joe Biden avec la bande de Happy Days, ne semblait pas le mieux placé pour raconter la vie des "Hillbillies". Et il en prend pour son grade. Les critiques de la presse US dézinguent largement son approche et sa mise en scène, même si la performance de Glenn Close sauve les meubles.


Collider est certainement le plus cash. "Risible et horrible à tous points de vue", tacle la critique, qui explique que "cette adaptation cinématographique a éjà un air de démodé, mais s'avère carrément insultante et condescendante pour les personnes qu’elle représente. Le réalisateur Ron Howard a signé ce qui est sans doute le pire film de sa carrière avec une histoire banale de famille dysfonctionnelle, dépourvue de toute nuance ou normalité."

IndieWire titre sur "un biopic Netflix oubliable" et insiste aussi sur cet aspect politique, en expliquant que, "pour le meilleur ou pour le pire, ce film est condescendant et s'excuse faussement, comme on pouvait l'attendre d’un groupe de libéraux hollywoodiens adaptant les mémoires de Vance. Le matériel original a été dépouillé de sa tendance libertaire (en plus de tout autre commentaire social) et a enterré sous quelque chose qui ressemble plus à un épisode criard de This Is Us, à la fois dans sa structure et dans son ton, la peinture de l'histoire qui a entraîné l'arrivée de Trump."

Le Los Angeles Times trouve aussi le film "dénué de toute fonction politique significative. C'est juste un long montage d'un clip pour les Oscars à la recherche d'une ambition plus large. Une litanie d'art dramatique sur des portes qui claquent, des enfants giflés et des maris qui s'immolent."

Variety a vu la même liste de "boisson excessive, de violence domestique, de suicide, de méchanceté générale. Le film est un feuilleton américain gothique sur les Rednecks, construit pour mettre en valeur la flamboyance des personnages".

Le Boston Globe renchérit et juge que, "pire encore, en neutralisant les spécificités de l'endroit d'où ces personnes viennent, où elles vivent, Ron Howard rend l'histoire dénuée de sens (...) Ce film est un fantasme néolibéral et un tract sociopolitique défiguré. Il sera probablement nominé pour de nombreux prix."

Associated Press tacle au passage la performance d’Amy Adams et estime qu'il est "difficile de trouver quelque chose à quoi s’accrocher, tant son personnage est un bordel de fureur, de douleur et d'addictions. Adams a du mal à la rendre cohérente. Mais c'est peut-être moins sa faute à elle, qu'au ton aigu dominant du film, qui, en condensant plusieurs générations de lutte, ne laisse pas de place à la réflexion. Howard, un réalisateur humain et sensible, a signé un film bourré d'empathie mais sans vision plus large."

Finalement, USA Today tempère en précisant que le rôle plus nuancé de Glenn Close "devient de plus en plus important durant cette descente aux enfers, une matriarche croustillante et politiquement incorrecte".