Le cinéaste signe une oeuvre de science-fiction totalement à part, exigeante, mais impressionnante, à voir à partir d'aujourd'hui sur Warner TV en France.
C'est l'une des séries de science-fiction les plus intéressantes qu'on ait vu depuis des années. Une expérience étrange, tantôt déroutante, tantôt saisissante, sublimement mise en images par l'un des maîtres du genre, Ridley Scott, qui a réalisé lui-même les deux premiers épisodes et compte parmi les producteurs exécutifs. Raised By Wolves - qui vient d'être lancée en France sur Warner TV, trois mois après sa sortie sur la plateforme américaine HBO Max - est une oeuvre à voir.
L'histoire se déroule dans un futur alternatif, un peu avant l'an 2200. La Terre n'est plus habitable après des années de guerre nucléaire entre l'église des Mithraic, qui vénère le Dieu Sol, et les rebelles athées, qui ne partagent pas cette croyance en un être supérieur. Alors des vaisseaux sont envoyés vers l'exo-planète Kepler-22b. Des arches pour tenter de reconstruire l'humanité, ailleurs. La navette des athées arrive en premier sur ce caillou distant de 587 années-lumière. A son bord, deux androïdes non croyants, Mother (Amanda Collin) et Father (Abubakar Salim), ainsi que des embryons humains. Ils vont donner naissance à six enfants et tenter de construire une toute nouvelle civilisation, sans religion, dans ce nouveau monde pas forcément très accueillant...
C'est Aaron Guzikowski, scénariste du Prisoners de Denis Villeneuve, qui a imaginé ce scénario un peu fou et envoûtant. Une histoire d'anticipation remarquablement écrite, qui jongle avec une multitude de thèmes chers à la science-fiction et à Ridley Scott en particulier. On est jamais bien loin de Prometheus / Covenant, ni de Blade Runner dans Raised By Wolves, qui pose le même genre de questions métaphysiques sur la survivance des espèces, l'obsession du Divin, et la robotique poussée à l'extrême, jusqu'à l'humanisation des androïdes devenus ici procréateurs !
Ce qui donne son souffle original à la série, c'est l'atmosphère glaciale impressionnante qui règne sur Kepler-22b. La peinture de cette planète habitable - découverte en 2011 par la NASA (pour de vrai) - choisie comme nouveau foyer de la civilisation humaine, est tout bonnement stupéfiante. Un gros caillou vierge, à la terre presque stérile, avec sa végétation morcelée poussant dans un désert rocailleux pas franchement chaleureux. L'image est grise, froide comme un coup de trique, dure comme le ton de Mother qui élève ses derniers rescapés humains avec un sens de l'amour robotique. Sur le plan visuel, le premier épisode de Raised By Wolves est une vraie claque. Mais pas seulement. L'histoire de Guzikowski, aussi brute que le sol de Kepler-22b, prend rapidement une tournure dramatique et épique, qu'on n'avait pas vu venir.
Parce qu'en fait, il est impossible de deviner où va Raised By Wolves et ce qui va se passer. On n'est pas dans un conte de science-fiction classique, déroulant son intrigue futuriste. La série profite pleinement de son excentricité et nous tient en haleine grâce à son imprévisibilité. Grâce aussi à son duo d'humanoïdes à couper le souffle. Mother est sans aucun doute l'une des héroïnes de SF les plus percutantes depuis Sigourney Weaver dans Alien. La Danoise Amanda Collin, avec ses traits autoritaires et figés, est la grande révélation de Raised By Wolves, une série SF comme vous n'en avez pas vu depuis très longtemps.
Raised by Wolves est diffusée sur Warner TV depuis le 7 décembre au rythme de deux épisodes tous les lundis (à 20h55) et disponible en replay (critique basée sur les trois premiers épisodes de la série).
Commentaires