Liz et l'oiseau bleu
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Le film d’animation japonais, Liz & l’oiseau bleu de Naoko Yamada, formidable exploration du monde secret adolescent, déploie une extrême sensibilité. Voici cinq long-métrages d’anime qui traitent avec force le bouillonnement des sentiments.

SILENT VOICE de Naoko Yamada (2018)

A l’instar de Liz et l’oiseau bleu, ce premier long-métrage de Naoko Yamado est le récit d’une amitié contrariée entre deux êtres qui ne parviennent pas à extérioriser leurs sentiments. Le film va dès lors s’employer tout entier à rendre audible ces voix trop silencieuses. Le cadre du collège, lieu de tous les apprentissages, est une prison autour de laquelle viennent buter les désirs enfouis.  Ici un garçon tête à claque ne cesse d’harceler une jeune fille sourde. Cette violence ne restera pas impunie et verra l’agresseur mis à l’écart. Des années plus tard, le garçon apprend le langage des signes et par à la recherche de son ancienne victime. Le temps a passé, les sentiments se sont apaisés. A 35 ans, la réalisatrice Naoko Yamado, impose d’emblée avec ce premier film une grande sensibilité dans l’approche de ses personnages et un style intimiste qui sait aussi se déployer.    

YOUR NAME de Makoto Shinkai (2016)

C’est l’histoire d’une jeune fille de la campagne qui s’ennuie ferme et rêve d’une vie qui serait l’exact opposé de la sienne. Ce vœu un peu fou se réalise et voilà soudain Mitsuha dans la peau de Taki, un beau garçon tokyoïte. A l’inverse, Taki pourrait bien rejoindre les montagnes et la famille traditionnelle de Mitsuha en épousant aussi ses traits. Traité avec beaucoup de finesse et de poésie ce film sur l’identité sexuelle adolescent fait voler en éclat la notion même de genre. Dans le top de l’animation nippone, En 2016, Your name produit par la mythique Toho, a joué les trouble-fêtes en devenant le cinquième plus gros succès du box-office japonais. Les studios Ghibli n’ont qu’à bien se tenir.  

LA COLLINE AUX COQUELICOTS de Goro Miyazaki (2012)

C’est le deuxième long-métrage du rejeton d’Hayao Miyazaki qui avait déjà signé Les contes de Terremer en 2007. Aidé l’illustre paternel au scénario, il adapte ici un manga découvert aux débuts des années 80. Ce sublime mélodrame ayant pour toile de fond les années 60 raconte le rapprochement d’une jeune fille dont le père a disparu en mer et d’un garçon intrépide. Le film explore les prémices du sentiment amoureux avant qu’un brûlant secret ne vienne remettre en jeu les sentiments. Une histoire complexe qui résonne avec les bouleversements politiques qui secouent alors le Japon.  

LA TRAVERSEE DU TEMPS de Mamoru Hosoda (2007)

Cette production issue du studio Madhouse est l’adaptation d’un best-seller au Japon signé Yasutaka Tsutsui. Ecrit en 1965, ce récit s.f voit une jeune fille obtenir la faculté de voyager dans le temps. Un don qui lui permet de vivre une autre vie que la sienne en influant sur celles des autres. Ainsi, Makoto passe son temps à essayer de rendre possible des histoires d’amour qui sans un coup de pouce du destin resteraient lettres mortes. La bonne idée ici est d’envisager le passé comme une vaste fiction dont il est possible de réécrire à loisir l’histoire. Une histoire qui a l’épreuve du présent vient soudain buter sur un réel forcément déceptif. Mamoru Hosoda à l’aide d’une mise en scène d’une grande pureté, parvient à tisser une ligne claire au milieu du chaos.    

BELLADONNA d’Eiichi Yamamoto (1973)

Chef d’œuvre graphique, orgie visuelle, ce film d’animation seventies exulte de partout. Il s’agit d’une libre adaptation d’un essai de Jules Michelet paru en 1862, La sorcière, où le célèbre historien français faisait de la sorcellerie au Moyen-Age, un acte suprême de rébellion. Le film d’Eiichi Yamamoto voit une jeune femme abusée par le seigneur d’un village, pactiser avec le diable afin d’organiser sa vengeance. Le pacte faustien va avoir des effets inattendus et obliger la jeune femme à trouver refuge dans une vallée : la Belladonna du titre. Sous son air d’objet psychédélique gentiment érotique, Belladonna vaut pour sa liberté de ton, son extravagance et son lyrisme. Le film quasi invisible pendant 43 ans a ressurgi en 2016 sur les écrans français.