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The Get Down est attendue pour dans quelques jours sur Netflix. Nous avons vu les trois premiers épisodes.

Netflix met en ligne ce vendredi 12 août les six premiers épisodes de sa nouvelle série, The Get Down. Entre show et pédagogique et comédie musicale décomplexée, la création de Baz Luhrmann ne sait pas toujours sur quel pied danser, mais elle ne laissera pas les téléspectateurs indifférents.

Il était une fois le hip-hop…

Eté 1977. Pendant que le tout premier Star Wars débarque dans les salles de cinéma américaines, dans le Bronx, New York, une autre révolution artistique est en marche. Une jeune génération métissée crée sa propre culture en revisitant les plus grandes formes d’expression : la peinture (graffiti writing), la danse (b-boying), la musique (DJing) et le chant (MCing). Il ne s’appelle pas encore comme ça, mais le mouvement hip-hop est né. Et il s’apprête à déferler sur le monde.

C’est donc cette époque épique, où la créativité rivalise avec la violence et la misère sociale, que Baz Luhrmann tente de nous raconter dans The Get Down. Un réalisateur blanc et australien pour mettre en image une histoire essentiellement écrite par les afro-américains et les latinos, il faut admettre que le choix était plutôt curieux. Mais avec le rappeur Nas en producteur exécutif, et des légendes comme Grandmaster Flash, Kurtis Blow, Kool Herc ou Afrika Bambaataa en consultants, la communauté hip-hop n’a même pas eu le temps de lancer de polémique. Et c’est tant mieux.

The Get Down ne prétend pas être un documentaire sur le hip-hop, et le néophyte pourra même s’y plonger sans crainte d’être perdu. Au contraire, il est pris par la main, et découvrira bientôt les origines de cette culture riche et complexe, jusqu’à l’invention du beat, créé manuellement et en direct par les DJs (il n’y avait pas encore de disques de rap à l’époque, "Rapper’s Delight" de Sugarhill Gang ne sortira que deux ans plus tard) qui isolaient et mettaient en boucle les passages épurés des tubes de funk. Soit littéralement le "Get Down", la partie qui permet aux danseurs et aux rappeurs d’exercer leur art.

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Jaiden Smith est (presque) supportable

Quand les jeunes héros de la série, dont Justice Smith (Ezekiel “Books” Figueroa, un poète et aspirant rappeur) et Jaiden Smith (presque supportable dans le rôle de Dizee, le graffeur de la bande) découvrent leur première block party, introduits par Shameik Moore (Shaolin Fantastic), ou lorsqu’ils voient le train qu’ils ont peint traverser la ville, on a comme eux des étoiles dans les yeux. Jaloux que nous sommes de ne pas avoir pu vivre cette passionnante histoire en direct.

De ce point de vue, The Get Down est clairement une réussite. Le travail sur les costumes est impeccable, on se croirait dans une expo regroupant des photos de Jamel Shabazz ou Martha Cooper, ou en plein visionnage du fameux Wild Style. Sans parler des clins d’œil à des films comme Les Guerriers de la Nuit. Evidemment, les puristes trouveront qu’on parle un peu trop de Grandmaster Flash et pas assez de Kool Herc ou Bambaataa, mais on attendra d’avoir vu l’intégralité de la série pour juger définitivement cet aspect-là.

De toute manière, la genèse du hip-hop n’est ici qu’un prétexte. The Get Down est un show musical, mais aussi une histoire d’apprentissage sur des jeunes gens de la fin des années 70 grandissant dans la première grande crise post-30 glorieuses. Et c’est donc aussi une série sociale, qui analyse avec recul le bouleversement du New-York de l’époque. Une pomme bien pourrie qui sert de terreau pour une nouvelle culture née dans la rue en réaction à la violence ambiante et à l’absence de perspectives économiques.

 

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La touche Luhrmann

Dans ce monde en pleine mutation, Books, le jeune héros qui a perdu ses parents, est tiraillé entre sa tante qui le pousse à entrer dans le monde du travail, sa prof qui l’incite à poursuivre ses études, l’appel du rap et celui de sa "copine" Mylene (Herizen F. Guardiola), qui rêve elle-même de devenir la nouvelle Donna Summer, alors que le Disco se meurt doucement.

Son père pasteur, interprété par Giancarlo Esposito, est lui complètement perdu face à cette révolution en marche. Tout le contraire de son frère Francisco (Jimmy Smits), politicien opportuniste qui compte bien profiter de tout ce que peut offrir cette période trouble. En parallèle, on suit aussi les aventures du club disco "Les Inferno", géré par une sulfureuse mama et son fils, où cohabitent danseurs endiablés et truands de la pire espèce.

On le répète, n’ayant vu que trois épisodes sur les douze que comptera la série au total, on se gardera bien de donner un avis tranché sur The Get Down. Mais, une chose est sûre, votre appréciation du show sera proportionnelle à votre tolérance au style de Baz Luhrmann. Alternant réalisme (avec images d’archives à l’appui façon Narcos) et scènes de pure comédie musicale, la série a de quoi décontenancer et semble constamment chercher son ton. Certaines séquences chorégraphiées plus dignes de Broadway que du South Bronx font quand même mal aux yeux… 

Dans tous les cas, on a hâte de découvrir la suite, que ce soit le destin des personnages ou les autres anecdotes sur l’histoire du hip-hop (ah, le fameux crayon de Grandmaster Flash...) qui ne manqueront pas d’être mises en scènes au fil des épisodes. Rien que pour ça, Netflix a (encore) réussi son coup.

Critique basée sur les trois premiers épisodes de la série.

The Get Down est disponible sur Netflix à partir du 12 août.


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