- Fluctuat
Savoir draguer ou trouver un sens à sa vie, comme chacun sait, ça ne s'apprend pas dans les livres de psycho-pop et encore moins en cours de construction personnelle. C'est sur le terrain, dans l'action, par l'expérience comme cherche à le montrer L'Ecole des dragueurs. Et ça marche ? Pour le film, moyen, dans la vie oui, en général.
- Exprimez-vous sur le forum L'Ecole des dragueursRoger est une mauviette, un loser, l'exemple parfait du type jamais vraiment sorti de l'adolescence et qui n'a aucune confiance en lui. Le mec dont tout le monde se fout et qui est évidemment incapable de draguer les filles. Autant dire que la vie de Roger est un désastre, au point mort, et que ce ne sont pas ses manuels de psycho-pop (Choose my life ou You can be happy) qui l'aident à trouver l'amour et encore moins un sens à sa vie. Pire que tout, il se fait même virer par le gosse qu'il parraine dans un centre où il est bénévole. Décidément, Roger passe pour un crétin partout où il va, faut que ça cesse. Heureusement, on lui file les coordonnées d'un obscur cours de reprise en main dirigé par le professeur P qui pour 5000 dollars non-remboursables est censé faire de vous un homme. Autant dire un mec cool qui s'assume et qui baise. Sans scrupules c'est encore mieux.Que faire avec un tel point de départ tant le principe paraît éculé ? Tout, plutôt tout est possible à condition de savoir s'y prendre. Mais L'Ecole des dragueurs (remake du british L'académie des coquins de Robert Hamer, 1960), sans éviter le pire, n'est pas vraiment à la hauteur. Todd Phillips, aux manettes déjà de l'inénarrable Starsky et Hutch, n'a pas le talent de ses cousins du Frat Pack (Owen Wilson, Ben Stiller et cie), même s'il essaie de voler un peu de leur énième degré et de leur affection pour le ridicule (d'ailleurs Stiller joue ici un de ses habituels tarés). C'est une question de rythme, de pose, une manière de se situer aussi pour faire que chaque situation prévisible soit désamorcée et renaisse sous une forme inattendue. Avec un tel sujet digne d'un teen movie, pour que ça fonctionne tout en respectant le patron d'origine, il faut donc varier, surprendre, voire oser en faire trop. Son « truc », le film le trouve à mi-parcours, lorsque les rapports entre le maître (Billy Bob Thornton) et l'élève (Jon Heder) dérivent en confrontation personnelle avec comme enjeu, la jolie girl next door draguée par le second.Là, L'Ecole des dragueurs trouve un peu ses marques et sa folie. Coups tordus et petites vengeances prenant le pas sur l'effarante méthode du prof et le classique enchaînement de séquences de désinhibition, le film brouille les frontières et devient plus imprévisible tout en jouant avec la confiance gagnée par son personnage. C'est alors moins en suivant bien ou mal les conseils du prof que le personnage s'en sort mais par sa motivation, son vécu et surtout en s'élevant contre une méthode. Quelques idées et scènes émergent ainsi, histoire de prendre à revers tous les coachs de vie pullulant aujourd'hui. Manière de les tourner en dérision, d'en faire des imposteurs, de dire qu'aucun stage de paint-ball ni une confrontation arbitraire envers n'importe qui ne vaudra mieux que ses propres convictions. Même si on objectera que sans son professeur P qui voulait lui piquer sa copine, Roger serait peut-être toujours autant largué, et surtout puceau (c'est dit, on invente rien).Mais tout ça ne sauve pas vraiment L'Ecole des dragueurs. Parce qu'il n'est pas assez pervers, malin ou qu'il a du mal à dépasser son concept, Todd Phillips loupe son film de loser (on préfère 40 ans toujours puceau malgré le plaidoyer pour l'abstinence). Pas seulement une question de mauvais choix, de style ou d'écriture, mais aussi d'acteurs, Billy Bob Thornton en tête, mal regardé ou souvent peu crédible en filou gourou de la self-estime. Idem, quoique déjà plus causant par son évolution physique, Jon Heder (starifié par l'auto-cultissime Napoleon Dynamite) aura du mal à embraser les foules malgré un rôle qui semblait fait pour lui. Sympathique au final parce qu'il fait un bras d'honneur aux conventions beauf type « baise et tire-toi » et à tous les manuels du quotidien, L'Ecole des dragueurs montre surtout que la vie, ça ne s'apprend pas en classe. C'est toujours ça. L'Ecole des dragueurs
De Todd Phillips
Avec Billy Bob Thornton, Jon Heder, Jacinda Barrett, Ben Stiller
Sortie en salles le 16 mai 2007
Illus. © TFM Distribution
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- Lire la chronique de Starsky et HutchChapeaux bas. En un titre, les distributeurs évoquent tous les aspects important de ce film. L’histoire, d’abord, puisque L’École des dragueurs narre les mésaventures d’un timide intégrant des cours de confiance en soi afin de charmer sa voisine. Le ton, ensuite, car ce long-métrage est une comédie potache. Cette dénomination évoquant le genre aussi bien que Arrête de ramer t’es sur le sable (1979) ou Les sous doués (1980). Et l’ensemble, enfin, parce qu’il est aussi peu inspiré que ces quatre mots.
L'École Des Dragueurs