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Hier soir, la Fox diffusait le premier épisode de la saison 10 de la série X-Files, près de quatorze ans après l’arrêt de la série le 19 mai 2002. Review.
Attention, cet article contient quelques spoilers (mais que nous avons essayé de garder minimes).

Retrouver X-Files plus de quatorze ans après la fin de la série, c’est un peu comme retrouver une part d’enfance de sérivore. La Fox et Chris Carter  (le créateur de la série) l’ont bien compris et pendant les 45 minutes du premier épisode, ils jouent avec notre nostalgie de téléspectateurs biberonnés aux enquêtes de Fox Mulder (David Duchovny) et de Dana Scully (Gillian Anderson). Il faut bien avouer que cela fonctionne très bien dès les premières minutes de l’épisode. L’effet Madeleine de Proust joue à fond, le retour du générique originel (image et petite musique qui reste en tête) y est aussi sans doute pour quelque chose.
 
Après un bref résumé du postulat de départ et de la mythologie de la série, destinés sans doute aux profanes et à la nouvelle génération de téléspectateurs, on entre dans le vif du sujet avec le fameux crash de Roswell datant 1947. Spectaculaire et efficace, la scène prouve que de gros moyens ont été mis à disposition de la production. Evidemment, cet évènement sera au cœur de l’épisode et sans doute de la saison complète.
 
Malheureusement, pour faire revenir nos héros aux affaires, les scénaristes n’ont pas lésiné sur les invraisemblances et les raccourcis scénaristiques qui seront d’ailleurs légions dans cet épisode de ré-introduction. C’est l’un des gros reproches que l’on peut lui faire. L’écriture n’a pas vraiment évolué depuis les années fastes du show et l’on se croirait dans un épisode estampillé années 90. Les fans apprécieront, les autres peut-être un peu moins. 
 
Alors que personne n’arrive à joindre Mulder, ni ne sait où le trouver, pas même le (toujours) directeur adjoint du FBI Walter Skinner (Mitch Pileggi), un richissime chroniqueur télé, Tad O'Malley (Joel McHale, un peu fade), contacte Scully afin de retrouver son ancien partenaire et accessoirement le père de son enfant (visiblement, cela aura de l’importance dans les prochains épisodes) afin de rouvrir un département X-Files.
Heureusement, Scully avait le numéro de portable de Mulder (sic) et le tout est réglé en deux minutes. Cerise sur le gâteau, il se cachait apparemment pas très loin puisqu’il a pu débarquer en cinq minutes dans un Uber ou un truc du genre.
 
Hormis ces quelques détails, le poids des ans a fait un bien fou à nos héros en leur apportant encore plus de crédibilité dans leurs postures respectives - la scientifique cartésienne vs celui qui "veut croire".
 

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Comme le  bon vin, Mulder et Scully ont bien vieillis et c’est un plaisir de les voir reprendre leur marques tout en jouant habilement avec le spectateur-fan sur la mythologie X-Files. La dynamique entre les deux icônes télévisuelles est intacte et on pressent que leur passé commun va être un levier narratif important de cette nouvelle saison.
 
Les références à la mythologie de la série sont d'ailleurs nombreuses et nous n’allons pas vous les dévoiler ici, ce serait cruel. Sachez juste que de ce point de vue, en faisant revenir quasiment d’entre les morts un personnage iconique (maintenant trachéotomisé), le dernier plan de l’épisode est jouissif !
 
Mais l’une des merveilleuses trouvailles de ce retour (attention spoiler) est sans conteste la trame de cet épisode qui balaie d’un coup les neuf saisons et les deux films, laissant sans voix le spectateur que nous sommes.
 
C’est bien un X-Files post-11 septembre que Chris Carter nous propose. La vérité était (vraiment) ailleurs et nous ne le savions pas !
Nous nous retrouvons alors au cœur d’une gigantesque conspiration : si les gouvernements nous surveillent, ce n’est pas vraiment pour ce que l’on croit. Paranoïa quand tu nous tiens...
 
Au fil de l’épisode, qui met comme au bon vieux temps Mulder et Scully sur la piste d’une jeune femme prétendument (ou pas) enlevée par les extraterrestres, nos  héros vont ainsi découvrir que depuis toutes ces années, la menace n’est pas (et surtout n’était pas) Alien, mais interne !
 
Depuis Roswell, à partir du vaisseau écrasé au  Nouveau-Mexique et de l’Alien découvert, les gouvernements US successifs auraient donc développé les technologies extraterrestres afin non seulement d’assoir leur pouvoir sur les populations et le monde en général, mais aussi de cacher leurs méfaits, via des fausses pistes et des fausses invasions Alien (on résume).  Mulder se serait donc fait berner depuis très longtemps et nous avec. Avouons-le, il fallait oser.  Il le prend assez bien (oubliant d’ailleurs au passage de se préoccuper de ce que cela implique sur le sort de sa petite sœur).
 
Par un twist scénaristique que nous ne révèlerons pas, cette révélation prend , vers la fin de l’épisode qui avance à toutes vitesse, des proportions surprenantes, X-Files oblige. C'est un peu indigeste, mais on adore. Bien sûr, les choses n’étaient pas si simples. Chris Carter prend ainsi un malin plaisir à se jouer de nous et c’est avec jubilation que l’on retrouve avec la série de notre enfance et sa capacité à sans cesse nous surprendre.
 
Sans doute les cinq épisodes qui vont suivre réserveront eux aussi leur lot de fausses pistes et de révélations. Visiblement, on nous promet un arc fort, en évitant le travers du "Freak of The Week" (le monstre de la semaine) dans lequel était parfois tombée la série.
 
Certes, on peut avoir des réserves sur ce premier épisode, mais une chose est sure, c’est qu’il donne envie de voir les suivants. En ce sens, Chris Carter a réussi son coup : X-Files est bien de retour !

La saison 10 de X-Files devrait arriver très rapidement sur M6, en France.