Relecture du livre de Clavell, la version 2024 de Shôgun est une fresque ambitieuse et incarnée, forcément moins occidentalo-centrée que la série avec Richard Chamberlain.
En 1980, on découvrait la première adaptation sérielle de Shôgun, tirée d’un roman de James Clavell. Richard Chamberlain y incarnait le rôle du navigateur anglais John Blackthorne, égaré sur les côtes japonaises au crépuscule du XVIe siècle. L’étranger suscitait l’intérêt d’un seigneur local en perte d’influence, Toranaga (Toshirô Mifune), sur fond de guerres de clans et de manœuvres politiques occidentales.
Hiroyuki Sanada : "Sonny Chiba m'a ouvert les yeux sur le monde"La série appelait à un remake. Et le projet aura passé plus de dix ans à se chercher, au fil d’une production semée d’embûches. Tout pouvait donc laisser penser qu’on allait au devant d’une catastrophe. Bonne nouvelle, il n’en est rien. Sans transcender le roman matriciel (plus foisonnant), ni son adaptation d’antan dans sa production value avec ses décors en dur, Shôgun version 2024 propose une voie plus équilibrée.
À l’époque, la minisérie s’appesantissait sur le destin des Occidentaux et Mifune n’apparaissait qu’au bout de deux heures. Quarante-quatre ans plus tard, le récit picaresque creuse le même sillon de l’acculturation en regardant avec déférence le code d’honneur japonais, mais en remettant les premiers concernés au cœur du récit.
Blackthorne et Toranaga sont sur un pied d’égalité, tandis que se dessinent de beaux portraits d’héroïnes tragiques. Sans avoir l’aura de son aîné, Cosmo Jarvis (Peaky Blinders, photo ci-dessus) tient la dragée haute à un Hiroyuki Sanada en majesté. Lequel boucle la boucle après avoir explosé à Hollywood grâce au Dernier Samouraï qui ne mégotait pas sur les emprunts à Clavell. Shôgun en est une meilleure version. Mais sans Tom Cruise.
Les deux premiers épisodes de Shôgun le 27 février sur Disney Plus, puis un épisode par semaine. Nombre d’épisodes vus 8/10.
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