Pour son premier long métrage documentaire, le réalisateur de Vendeur raconte les municipales dans un petit village d’Indre- et- Loire. Une réussite qu’il décrypte pour Première.
Qu’est ce qui vous a donné envie d’aborder la politique pour votre premier long métrage documentaire ?
Sylvain Desclous : Cette passion pour la politique est ancienne chez moi puisque j’ai fait Sciences Po Aix. Mon prochain long métrage de fiction, De grandes espérances, parlera lui aussi de politique et c’est alors que j’attendais son financement que j’ai eu envie de me lancer dans ce documentaire en m’appuyant sur les élections municipales qui se profilaient
Comment avez- vous choisi le village de Preuilly en Indre- et- Loire où vous avez posé votre caméra ?
C’est plutôt lui qui m’a choisi. Toute une partie de ma famille y vit et j’y ai moi- même passé tous mes étés depuis que je suis gamin. De toute façon, sans cette proximité, ce film n’aurait pas existé. Il aurait fallu sinon que je m’installe à Preuilly des mois et des mois en avance pour tisser des liens. Là, la confiance existait dès le départ. Les gens qui me disaient ne pas vouloir être filmés savaient qu’ils ne le seraient pas. Quant aux autres, il était clair que La Campagne de France ne devait jamais se retourner contre eux. La moquerie était donc hors sujet.
On le perçoit à ce titre comme un anti- Striptease…
Je l’ai conçu comme ça en tout cas. C’est la raison pour laquelle il y a très peu de plans caméra à l’épaule, que je privilégie les plans posés pour privilégier la sobriété et fuir le naturalisme. J’ai voulu un film sans effet mais pas sans style.
Ces municipales étaient la première élection post Gilets Jaunes ? Est-ce que vous l’avez ressenti tout au long du tournage ?
Pas réellement, pour être honnête. J’ai plus ressenti les problématiques communes à la France de la désindustrialisation, la France rurale abandonnée : la fermeture d’une maison de santé, de commerces, de la Poste… Ce fut le cœur de ces élections. Et à travers ce documentaire, je montre aussi combien être le maire de ce type de villages est devenu de plus en plus compliqué, entre la demande de plus en plus forte des citoyens et les moyens de plus en plus faibles alloués.
Qu’est ce qui vous a poussé à faire, des trois listes en lice, celle conduite par Mathieu, le Parisien introverti qui revient dans son village natal et Guy, la grande gueule du village, la gauche chevillée au cœur le fil conducteur du récit ?
J’ai d’abord commencé par écrire un scénario. Mais très vite, j’ai compris que je n’arriverais pas à le fabriquer sans passer beaucoup plus de temps au village. Et c’est quasiment à ce moment- là que Cédric m’a annoncé qu’il montait sa liste avec Guy en numéro 2. Je connaissais très bien Guy depuis des années, un peu moins Mathieu mais j’avais tourné des scènes de mon premier long, Vendeur, chez lui et on avait sympathisé. Et ce fut alors pour moi une évidence que le film devait s’accrocher à eux, qu’ils allaient le porter et le restructurer. Tout en prenant garde cependant de ne pas les filmer qu’eux. Et de ne pas donner le sentiment de privilégier une liste sur l’autre pour ne pas influencer la campagne. Car pour eux tous comme pour moi, l’essentiel c’était elle !
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