Amélie Poulain
UGC

"Weinstein en fait une question de pouvoir. Comme un chien qui pisse sur son arbre, il DOIT remonter tous les films qu’il achète !"

Le post date du début du mois et il est passé étonnamment inaperçu. L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet n'est toujours pas sorti aux Etats-Unis, car le réalisateur refuse catégoriquement que son distributeur Harvey Weinstein modifie son film. Surnommé "scissorhands", en référence à Edward aux mains d'argent, justement parce qu'il est célèbre pour ses coupes drastique, celui-ci ferait pression depuis de longs mois sur Jean-Pierre Jeunet, qui ne cède pas, mais partage son mécontentement sur son site officiel. Il en profite même pour revenir sur d'autres conflits vécus précédemment avec Weinstein, comme lorsqu'Amélie Poulain a été nommé aux Oscars en 2002, par exemple, mais est reparti bredouille.

Jean-Pierre Jeunet accuse Harvey Weinstein de l'échec de son dernier film

"Quand Harvey Weinstein...… signe TS Spivet pour les États-Unis, il a vu le film terminé. Gaumont a bien précisé qu’ayant le final cut, je ne changerai pas une image. Ce qui ne l’empêche pas de commencer son harcèlement moral afin de remonter le film à sa façon. Comme il fait systématiquement avec tous les films.Il avait déjà essayé en 1991 avec Delicatessen. Un monteur anglais était venu chez moi avec tout un cahier de suggestions de coupes. Il enlevait la scène du lit qui grince, les suicides de Mme Interligator, bref toutes les séquences les plus drôles. Caro et moi avions écouté patiemment et suggéré une coupe en plus : “Vous enlevez nos noms du générique”. Le monteur était reparti en agitant le doigt : “Vous aurez des nouvelles d’Harvey Weinstein !” Dès lors, je m’attendais à retrouver un matin la tête de mon chien coupée dans mon lit… Finalement, n’ayant pas encore signé avec UGC, il sortira le film sans coupe et il deviendra malgré lui un film culte. Pareil pour Amélie 10 ans plus tard. Nous aurons 5 nominations aux Oscars. Pas de chance, c’est cette année que l’Académie, fatiguée des “abus” de Weinstein pour collecter les voix, décide de boycotter leurs films. “Nous ne voterons pas pour Amélie” titrent les magazines professionnels américains. Woopy Goldberg, présidente de la cérémonie, va passer toute la cérémonie à se foutre de la gueule de Weinstein. Résultat, sur 19 nominations, un seul Oscar.Weinstein est comme un galeriste qui dirait au peintre : “Les Américains n’aiment pas le vert, je vais demander à l’encadreur de mettre du bleu”… Weinstein en fait une question de pouvoir. Comme un chien qui pisse sur son arbre, il DOIT remonter tous les films qu’il achète.De plus, il a imposé à Gaumont ce qu’on appelle un “holdback”, ce qui signifie qu’aucun pays non francophone ne peut sortir le film avant lui. Spivet va donc rester bloqué pendant huit mois. Le holdback prenant fin en juin, certains pays comme l’Angleterre ou l’Espagne le sortent en pleine coupe du monde. Raté."

Toujours sur son site officiel, le metteur en scène en a remis une couche le 8 février, au fil d'un court message où il revenait sur une remise de prix à Hollywood, organisée par la "3D Society" : "Je fais une Master Class et en profite pour “citer” mon ami Weinstein, ce qui fait l’objet d’un article dans le Hollywood Reporter. Réaction d’un lecteur : “I love it when a European gives the middle finger to Harvey. So refreshing.” Le message est clair... Et Jeunet n'est pas le premier à s'attaquer ainsi au distributeur américain. Ces derniers mois, le réalisateur de Grace de Monaco, Olivier Dahan, s'est montré très virulent envers Harvey Weinstein. Celui du Transperceneige, Bong Joon-ho, a fait pression, soutenu par ses acteurs, pour que son film de science fiction puisse sortir aux Etats-Unis sans coupe.

Les meilleures anecdotes sur Amélie Poulain