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Après Roubaix, une lumière où les adorateurs comme les réfractaires du cinéaste s’étaient entendus sur le caractère inédit d’un film où l’auteur délaissait les hauteurs d’une bourgeoisie intellectuelle aventureuse pour une « petit » peuple englué dans les cercles de l’enfer de son quotidien, nous revoici sous des lambris plus haussmanniens. Tromperie, d’après Philip Roth auteur vénéré par Arnaud Desplechin, est une mise en abîme autour de l’acte d’écrire. Le credo est celui-ci : un auteur surpuissant par nature mais surtout par devoir, peut justifier toutes ses bassesses supposées au nom de l’inspiration. Les bassesses ici concernent surtout un penchant non exclusif pour ses modèles-maîtresses qui se jettent dans ses bras telles des doubles fictionnels venant jouer les diablotins. L’auteur ainsi assailli se doit d’éprouver ses actes et son discours pour se noyer tout entier dans sa pensée. Une fois confronter au réel (celui-ci à les traits de la femme mariée), que reste-t-il sinon une montagne de questions non résolues que son interlocutrice ne peut entendre ? Arnaud Desplechin assume la théâtralité d’une entreprise réalisée confinée et peut compter sur des interprètes stradivarius (L’imprévisible Léa Seydoux vaut à elle-seule le déplacement !) Reste tout de même cette impression d’une longue explication de texte où les poncifs s’ils servent la comédie (on rit avec et contre, ce petit monde), empêche toutefois le drame de naître. Et dans cette entreprise autocentrée tout finit par s’épuiser. Est-ce là où réside justement la tromperie ? Peut-être.