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Fanny Ardant dansant sur « Mambo N°5 » de Lou Bega pendant que son caniche diarrhéique souille les draps de sa chambre. Mickey Rourke révélant son crâne chauve après avoir fait tomber sa perruque trumpienne jaune paille. John Cleese offrant à sa jeune fiancée un pingouin, qui ne va pas tarder à copuler avec un chien… Si l’idée de voir ces différentes images de vos propres yeux provoquent chez vous une légère, hum, répulsion (pour employer un mot polanskien), on vous conseille de vous tenir à distance de The Palace, farce sinistre sur une poignée d’ultra-riches pétant les plombs à la veille du passage à l’an 2000. A distance, comme s’y tient une grande partie du monde du cinéma – le film a peiné à trouver un distributeur en France, et a fini par y parvenir à prix bradé. La réputation de Roman Polanski, accusé de multiples agressions sexuelles, n’explique pas tout : The Palace est objectivement accablant, lourdingue, jamais drôle, du sous- Östlund, très ringard dans sa satire de la vulgarité nouveau riche des oligarques russes et des freaks mondains qui se bousculent dans les hôtels cinq étoiles des Alpes suisses. C’est un film si agressif, laid et misanthrope qu’on peut raisonnablement avancer que Polanski l’a conçu comme un doigt d’honneur. Un crachat, pensé pour exciter la colère de la foule cinéphile, l’acte sacrificiel d’un auteur qui, comme il sait qu’il ne quittera pas la scène sous les applaudissements, choisit d’encourager les huées. De ce point de vue, à en juger par les zéros pointés décernés par la presse internationale unanime, c’est une réussite.