Première
par Frédéric Foubert
Manu Payet... Qu’est-ce qu’on l’aime, lui. Sa dégaine mi-nerveuse, mi-ahurie, sa capacité à rendre drôle à peu près tous les mots du dictionnaire... Depuis le très cool Radiostars, on attendait le film qui le mettrait définitivement en orbite. Et comme Manu était sans doute aussi impatient que nous (on ne le connaît pas, on a envie de l’appeler Manu, c’est dire à quel point il est attachant), il l’a fabriqué lui-même, co-écrivant et co-réalisant cette romcom existentielle bâtie autour de sa vista comique. Si, sociologiquement, Situation amoureuse : c’est compliqué est un cousin évident des Gazelles, l’autre comédie parisianogénérationnelle du mois, il en est aussi le double inversé. Ici, les apparts sont toujours inondés de soleil, les coups de blues et les gueules de bois ne durent jamais très longtemps. C’est du ciné feel-good qui ne s’en cache pas, et qui aurait tort de le faire puisqu’il réussit sa mission au-delà des espérances. On se sent incroyablement bien devant ce film, au point de tout lui pardonner (son titre impossible, son dernier quart d’heure donnant l’impression de mater les bonus du DVD...). Le triomphe du projet est avant tout celui de ses comédiens, tous déchaînés, tous impeccables, tous manifestement ravis d’être là, de Philippe Duquesne en beau-père priapique à l’exceptionnel Jean-François Cayrey, grosse révélation, dont on ne peut même pas dire qu’il vole les scènes puisqu’elles lui sont offertes sur un plateau. Pas une révolution dans la comédie française, non, loin de là. Mais un courant d’air frais qui réveille et fait un bien fou.