Toutes les critiques de Simone, le voyage du siècle
Les critiques de Première
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Première
par Thomas Baurez
Une séquence résume l’entreprise. Simone Veil, alors ministre d’Etat, doit se rendre dans un hôpital devant les caméras de télévision pour évoquer les ravages de cette maladie alors honteuse, le Sida. La mise en scène cathodique prévoit que l’élue sorte d’une chambre où elle était censée s’entretenir avec un patient. Problème, personne n’a prévu de vrai malade, celui devant rester hors-champ. Simone Veil s’énerve et demande illico à voir – loin des objectifs s’entend - un mourant. On s’active, on en dépêche un. La ministre en larmes, horrifiée face à la tragédie, ne peut plus bouger, laissant le cadre télévisuel désespérément vide. Mais la caméra omnisciente d’Olivier Dahan, elle, peut tout, et saisit sans vergogne l’émotion en gros plan. Toute l’indécence du film est posée là (et on se fout pas mal de savoir si la séquence se base sur des faits réels) : mise en scène pompière, impudique et grossière, valorisation à outrance du personnage principal… Dahan à jamais associé au délirant succès de La Môme semble devenu le parfait client pour enrober sur commande des meringues à vocation hagiographique. Il semble que l’idée de ce « Simone » lui ait été soufflée par Elsa Zylberstein sentant sûrement le vent des César tourner autour des cadavres ainsi ressuscités. Après Grace de Monaco, voici donc ce Voyage du siècle qui déborde de partout et qui, à vouloir tout montrer (même l’horreur des camps en steady-cam !) ne montre rien, sinon le masque d’une femme au destin exceptionnel et contrarié. Simone Veil aurait mérité d’être envisagée à sa (de)mesure : complexe et insaisissable. Passons.