Toutes les critiques de Sea Fog : les clandestins

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Pour des raisons financières, une compagnie de pêche décide de vendre un de ses bateaux. Soucieux de préserver son emploi et celui de son équipage, le capitaine rachète chalutier et se met à son compte. Hélas, les affaires stagnent, et le marin accepte de transporter une cargaison de clandestins chinois contre une grosse somme d’argent. Mais par une nuit de tempête, les choses dégénèrent. En France, on connaît moins le scénariste Shim Sung-Bo que son acolyte Bong Joon-ho, réalisateur de "The Host" et de "Snowpiercer – Le Transperceneige". Pourtant, ils ont travaillé ensemble sur le script de "Memories of Murder". Ils s’associent à nouveau pour cette adaptation d’une pièce de théâtre, inspirée d’un fait réel. Mais s’ils ont tous deux écrit le script, ils ont ensuite redistribué les rôles, Bong Joon Ho assurant la production et Shim Sung-bo la mise en scène. Le résultat est une réussite indiscutable, fruit d’une collaboration de très haut niveau (avec mention spéciale au chef opérateur et au directeur artistique) au service d’un thème classique mais toujours riche: celui de l’homme ordinaire placé dans des situations exceptionnelles. Avant que celles ci se manifestent, le film prend le temps d’exposer le contexte historique – soit la crise économique de 1998, pas très éloignée de celle que connaît la Grèce actuellement. On croit repérer ici la patte de Bong Joon-ho, jamais avare de commentaires caustiques et soucieux de réalisme social. Quant aux personnages, essentiellement les membres de l’équipage, ils sont présentés comme des gens ordinaires, que divers éléments de la vie quotidienne permettent de cerner. Le plus jeune espère, grâce à ses primes, pouvoir soulager sa mère âgée qui a dû reprendre le travail pour faire bouillir la marmite. Le capitaine, qu’on devine froid et déterminé, se révèle davantage attaché à son bateau qu’à sa femme, surprise en train de le tromper avec un Chinois. Une fois en mer, ils partagent les mêmes conditions de vie et seule la hiérarchie les distingue. Jusque-là, tout est banal. Les choses changent radicalement à l’arrivée des clandestins, qui établit illico un rapport de dominants/ dominés, le tout compliqué de transactions âpres (plus de confort en échange de sexe..). Incidemment, une idylle s’installe, dont la vraisemblance importe moins que ce qu’elle révèle. De fil en aiguille, le voyage va basculer dans une dimension horrifique inattendue, comme dans le "Coke en stock" de Hergé mais qui serait revu par un John Ford dépressif et pessimiste. Sans quitter le drame social cru, le film prend alors des allures (et les moyens) d’un film catastrophe. La mise en scène, qui fait passer la vérité humaine avant le spectaculaire, sait exploiter la tension et la claustrophobie liées à l’espace limité du navire, lequel est reconstitué pour les scènes d’intérieur avec un hyperréalisme immersif. Un élément-clé est notamment utilisé avec une efficacité anxiogène maximale : la brume, qui réduit encore l’espace, brouille les repères et isole les hommes. Certains d’entre eux ont été si précisément caractérisés dans la première partie, qu’il est très facile de s’y identifier et de se demander ce qu’on ferait dans la même situation... S’il fallait définir le genre de "Sea Fog", le plus juste serait sans doute le film de guerre. Parce qu’il n’y a qu’à ce degré extrême de conflit que l’homme est obligé de prendre la décision suprêmement pénible qui le conduit à choisir son camp. Dominer ou se soumettre ? Obéir ou payer le prix de la rébellion ? Tuer ou bien être tué ? C’est une horreur, mais elle est d’autant plus forte ici qu’elle est réaliste.

Les critiques de la Presse

  1. CinémaTeaser
    par Aurélien Allin

    Saisi au col, horrifié par la force d’un propos asséné sans compromis, exalté par les touches d’espoir qu’une romance impossible entre un marin et une immigrante fait naître, on ne peut qu’admirer ce coup d’essai qu’est Sea Fog.

  2. Clapmag.com
    par Mathilde Lejeune

    Une réflexion acerbe sur les agissements des hommes livrés à eux-même en situation de crise, en mélangeant habilement horreur sociale et humour. Malgré une dernière scène qui interloque un peu et peut laisser sur sa faim, "Sea Fog" est à la fois un film de genre, un film social, et surtout un film cruellement ancré dans la réalité.

  3. Télérama
    par Jeremie Couston

    L'irruption du lyrisme et de la romance dans ce huis clos maritime pourrait paraître artificiel. Il lui donne au contraire des airs d'opéra funèbre.

  4. Les Inrocks
    par Théo Ribeton

    Malgré son programme de survival en plein naufrage, "Sea Fog" ne se laisse jamais totalement déboussoler.

  5. Le Figaro
    par Etienne Sorin

    Le final, dans le brouillard marin, est spectaculaire et allégorique. Le navire, à la fois tombeau et monstre fantasmagorique, a quelque chose d'organique.

  6. A nous Paris
    par La rédaction d' A nous Paris

    Comme souvent dans le cinéma sud-coréen, tension, drame, horreur, violence et amour s’y entrechoquent habilement._

  7. Chronic'art
    par Louis Blanchot

    Totalement acculée par la libido de l’intrigue, la mise en scène ne se complait jamais dans la stylisation et l’hystérie parfois vaine de certains de ses compatriotes

  8. StudioCiné Live
    par Thierry Chèze

    Bong Joon-Ho a produit et écrit ce premier long (...) On y retrouve son ton mêlant humour et horreur mais pas la virtuosité de sa mise en scène.

  9. Le Monde
    par La redaction du Monde

    Le film réunit certaines des qualités que l’on prêtait parfois à ces séries B hollywoodiennes d’après-guerre teintées de réalisme social. Suspense et péripéties violentes s’y déploient sur un fond d’observation documentaire.

  10. 20 Minutes
    par Caroline Vié

    Si les images, très fortes, font l'effet d'un uppercut, trop de malheurs nuisent à leur impact.

  11. Critikat.com
    par Benoît Smith

    Que ces personnages soient caractérisés à gros traits n’est pas vraiment le problème, mais le film n’en glisse que plus facilement vers une hystérie générale censée exprimer bruyamment les pulsions agressives, et qui laisse le spectateur observer un peu en surplomb ce spectacle gesticulant entre bouffonnerie et gravité, entre dérisoire et tragédie.

  12. Le JDD
    par Stéphanie Belpêche

    Un premier long métrage qui mélange les genres : le drame social sur l’immigration bascule pour devenir un survival en haute mer, auquel se greffe une histoire d’amour naïve.

  13. Libération
    par Clément Ghys

    "Sea Fog" croise des scènes de film catastrophe et de comédie, sans jamais décoller réellement. Une atroce musique tout en emphase gâche les scènes dramatiques