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Les dix premières minutes, Pauline s'arrache raconte le quotidien d'une ado vénère contre le monde (ses copines, son mec, son père, sa mère, son portable, etc) et donne l'impression d'une longue vidéo publiée sur YouTube par une jeune blogueuse qui s’ennuierait à crever. Bon.
On s'arrête là ? Surtout pas ! Rapidement, un point de vue adulte de cinéaste se détache derrière ces vidéos. Un montage surtout. Bingo : la réalisatrice Emilie Brisavoine appartient à cette jeune bande vigoureuse du cinéma français représenté par les Justine Triet, Sophie Letourneur et autres Virgil Vernier: Pauline est sa demi-soeur, la mère est sa maman, le père son beau-père. La bonne nouvelle de Pauline, c'est que le film ne se contente pas d'être un portrait d'une adolescente de 15 à 17 ans qui envoie des LOL sur son portable, tchatte sur Facebook via son ordinateur orné d'autocollants Hello Kitty et s'engueule puis se rabiboche avec son petit copain, ce qui en soi aurait intéressé 100 followers tout au plus. Non, ce que le film raconte, c’est comment une ado fâchée avec le monde va grandir sans même s’en rendre compte, comprendre et se rapprocher de ses parents chtarbés, couple queer inouï incroyablement assorti. Voilà pourquoi le film est drôle (la Pauline en question est irritante, égocentrique, gueularde, et pourtant irrésistible) et très touchant. Sous ses airs confidentiels et fauchés, son côté assemblage de vidéos YouTube tournées à l'arrache, Pauline s'arrache, sorte de mix entre Strip-Tease et un A Nos amours 2.0, arrache vraiment.
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Clouée chez ses parents telle une princesse dans son donjon, Pauline, 15 ans, n’a qu’une idée en tête : "s’arracher" de là. Sa demi-sœur aînée enregistre ce désir d’émancipation avec du matériel lo-fi (caméra DV, VHS, téléphone portable) dans un premier film survolté aux airs de Tarnation – autre journal intime au cœur d’une famille déjantée. Le portrait de Pauline a la facture brute de l’adolescence. C’est un patchwork d’images hétéroclites, dont les archives familiales constituent les granuleux flash-back. Échappant au freak show à la Strip-tease, ce documentaire parcouru de secousses rock’n’roll ne regarde pas ses protagonistes de haut, mais bien en face, dans un dialogue tourbillonnant, violent et drôle, expiatoire et fécond
Toutes les critiques de Pauline s'arrache
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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. Le résultat, très étonnamment, est moins un film de famille, comme il semblerait de prime abord, qu’un magnifique portrait de jeune fille en devenir, partie prenante d’un roman familial dont elle va précisément devoir apprendre à s’émanciper.
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Une heure trente plus tard, on est touchés en plein coeur par ce film minuscule qui recèle plus de cinéma que 90% de la production annuelle française.
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Intelligent, incisif, doux et méchant à la fois, Pauline s’arrache déchire l’écran, tout simplement.
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Une histoire de famille moderne, comme il en existe à chaque palier ; ce sont les demi-sœurs qui en peignent des fresques émouvantes et les emmènent à Cannes, qui ne courent pas les rues.
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On pense ici au travail de Jonathan Caouette (Walk Away Renée) pour cette formidable capacité à faire fi de toute pudeur et se frotter à la violence de l'intime.
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Ces âpres scènes de la vie quotidienne et parisienne (repas, engueulades sans fin) se mêlent, un peu comme dans le Tarnation de Jonathan Caouette, aux archives familiales en VHS, et finissent par composer l'émouvant roman d'apprentissage d'une jeune fille en quête d'émancipation.
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Ce film, qui ne ressemble à absolument rien de connu, est une vraie et bonne surprise, porté par un torrent d’énergie.
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Une chronique familiale foisonnante d’une forte puissance émotionnelle et esthétique, presque en forme de documentaire.
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On avait adoré ce petit film pétri d'énergie, présenté en mai à l’Acid – le off du Festival de Cannes.
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Conte familial destroy et borderline qui redonne du coeur à l’ouvrage.
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(...) les saynètes bouillonnantes d’émotion qui jalonnent le film sont souvent comme prises de force à la pudeur, “arrachées” à un réel sur lequel Brisavoine a une prise très instable et ambiguë, créant autant de confession que de mise en spectacle, voire de sensationnalisme.
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Brisavoine écrit le roman familial comme un va-et-vient entre cet âge d’or et un présent en crise, et avec un mode de filmage qu’on pensait condamné à l’anecdotique, au vulgaire, et qui fait finalement ici l’effet d’une fresque.
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Frêle, l’ensemble tient grâce au bagout de son héroïne intrépide et paumée qui grandit face caméra.
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Le film laisse alors une impression mitigée au spectateur qui décèle ces mises en scène et se retrouve, sans repères, face à la cruauté que la réalisation peine à dissimuler.
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On est quelque part entre la psychanalyse, le reportage et le collage : un récit chaotique, mais porté par l’amour du cinéma.