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Dans son application à montrer le quotidien de la population, à donner la parole à des acteurs non professionnels dont les dialogues ont été improvisés, et à filmer les somptueux décors naturels qui ont vu couler tant de sang, Lee Isaac Chung réussit à dresser le portrait d’un pays qui tente de faire la paix avec lui-même et son passé.
Toutes les critiques de Munyurangabo
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Swanga est hutu, Munyurangabo est tutsi. Ils s'en allaient tuer le meurtrier du père de Munyurangabo, la réalité des a rattrapés. Elle est rude, hantée de morts et de désespoir feutré. C'est cela le pire : l'agonie qui ne se dit pas, la détresse bredouillée dans l'ivresse. Simple et déchirant.
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L'ensemble est parfois maladroit, mais assez sincère, il permet d'aborder le drame rwandais sans gros sabot et certainement avec justesse.
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Composer avec un tel décor, c’est prendre le risque de se laisser avoir par une beauté un peu simplificatrice. Cet écueil, Lee Isaac Chung (Américain d’origine coréenne, scénariste de La Petite Fille de la terre noire) ne l’évite pas complètement, mais il parvient, grâce à son sens de l’épure, à le surmonter en donnant aux mots et aux corps un ancrage terrestre juste.
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Parce qu'il est sans solution, doucement imparfait, Munyurangabo ouvre une page sans condition à ce qui n'est pas encore écrit : la suite du Rwanda et d'un cinéma réellement rwandais.
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Le résultat est tout autant intriguant. Avec des maladresses de premier film, mais aussi de magnifiques partis pris formels, comme cette scène tournée sur une route déserte où une voix off impersonnelle rappelle les cadavres abandonnés sur l’asphalte et les cris des victimes torturées sur le bas-côté.
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Moins simpliste qu'il n'y paraît, moins pessimiste qu'elle ne semble être, cette chronique arbore de discrets stigmates d'une expérimentation collective autant que de talents en germe.
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Ce film est loin d'être vide. Mais on sort de la séance en panne de fond de teint et avec une méfiance ultime devant tout ce qui ne rime pas durement en alexandrins ou ne se démultiplie pas en prose de mandarin. Et le premier qui nous offre une glace au thym, on le regarde d'emblée avec une tête de vaurien végétatif, du genre qui prend racine dans le front de l'autre.
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Parce qu'il évoque le Rwanda de l'après-génocide, Lee Isaac Chung sait que certaines images ravivent des souvenirs. Malgré des défauts (un ventre mou d'un quart d'heure), Munyurangabo, en maniant ces images, fait preuve d'une poésie sauvage très évocatrice.[...] (Il) évoque avec justesse le dilemme de ce pays : comment dépasser la vengeance pour réconcilier les peuples qui le construisent ? Si la question est vaste, le film est un bel élément de réponse.