Première
Morán, employé de banque sans histoire, décide un beau jour de voler une grosse somme d’argent dans le coffre de son lieu de travail. Son plan ? Après avoir purgé une courte peine de prison, Morán pourra profiter de l’argent caché au préalable par son collègue Roman, homme discret qui sait se faire oublier. De ce postulat délirant, Rodrigo Moreno contourne le film de casse pour se pencher sur les conséquences d’un acte aussi démesuré, préférant ignorer la bêtise du geste afin de mieux se concentrer sur ses exécutants. Le motif du braquage devient alors un formidable prétexte pour parler de l’hypocrisie d’hommes obnubilés par l’argent, qui n’hésitent pas à changer de personnalité afin d’assouvir leur soif de virilité. Grâce à sa durée fleuve, Moreno prend le temps de dérouler son truculent récit, enchaîne les twists, et impose un parfum burlesque qui n’est pas sans rappeler le cinéma des frères Coen. Un bonheur.
Yohan Haddad