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par Philippe Jambet
Toutes les critiques de Lonely Tunes of Tehran
Les critiques de la Presse
Filmant à l'arrache et dans l'illégalité la plus totale, Saman Salour colle aux basques de ces deux laissés-pour-compte portés par un instinct de survie et une foi dans l'amour insubmersibles. Si certaines préciosités rappelles le formalisme outrancier de Quelques kilos de dattes pour un enterrement, son refus de condescendance et sa capacité à tirer cette odyssée des bas-fonds vers la poésie rappellent, même lointainement, l'admirable L'épouvantail de Jerry Schatzberg.
Deux films courts (respectivement 85 et 75 minutes) de Salman Salour, jeune réalisateur iranien : dans le premier film, qui date de 2006, on accompagne deux marginaux installés dans une station-service oubliée, qui bavardent avec un croque-mort. Dans le second (2008), deux amis tentent de gagner leur vie en installant des antennes de télé, malgré l’interdiction des autorités. Petits faits de la vie réelle : le réalisateur traque, sur le mode poétique, l’étincelle humaine. Personnages touchants, qui survivent en lisière d’un Etat répressif : le regard de Salman Salour sur ces oubliés est tendre, chaleureux, parfois amusé. Curieusement, il semble que le pays des mollahs inspire les cinéastes : la critique n’est jamais frontale, mais lointaine et biaisée. C’est d’autant plus savoureux.
Saman Salour est assez fou (…) pour entreprendre un film clandestin tourné à 80% en extérieur. Rajouter à cela un second défi, esthétique cette fois, en mariant la carpe comédie avec le lapin néoréaliste, c’était peut-être le risque de trop.
Au détour des scènes les plus cocasses, on sent poindre la violence d’une société à laquelle il faut s’adapter ou mourir.
Une tragi-comédie décidément trop bavarde.