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Dans cette adaptation d’un roman de P.D. James (plus habituée à écrire des policiers), la science-fiction n’est qu’une toile de fond pour projeter quelques hypothèses fortes, comme l’infertilité subite qui frappe l’humanité. Hélas, cet aspect de l’histoire est laissé en plan et beaucoup de questions restent sans réponses. La seconde partie du film est une pure affaire de poursuite genre Guerriers de la nuit: nos héros atteindront-ils leur but en dépit des obstacles qui jalonnent leur route? (…) Autrement, deux séquences amusantes avec Michael Caine électrisent un peu le récit très linéaire tandis que l’ambiance musicale est bizarrement calée dans les années 60 et 70, peut-être pour suggérer un âge d’or disparu.
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En projetant sa vision d’un hypothétique avenir Cuaron nous fait froid dans le dos. Le réalisateur y parvient d’autant plus facilement que cette vision d’anticipation mêle un vrai sens esthétique à une mise en scène jouant la carte d’un réalisme de proximité troublant. On suit la course folle d’Owen Wilson à travers une Angleterre dévastée et meurtrie, trop authentique et crédible pour nous laisser indifférent. Brillant.
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- Fluctuat
Alfonso Cuaron, cinéaste inspiré qui compte à son actif Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban et Y tu Mama Tambien, change de registre. En adaptant l'unique roman de science-fiction de P.D. James, il réalise un formidable film de course-poursuite et impose une vision forte et réaliste d'un monde en déliquescence. A cent lieues du fantastique ou du merveilleux, il nous plonge dans une société asphyxiée et à bout de course... Toute ressemblance avec des éléments existants n'est pas fortuite.
Rythmé, haletant, Les fils de l'homme est avant tout un film d'action rondement mené. S'il repose sur une trame classique, en l'occurrence le combat d'un citoyen lambda, anti-héros solitaire et réticent, la réalisation de Alfonso Cuaron lui insuffle une force et une âme peu communes. Théo (Clive Owen), fonctionnaire ordinaire ayant abandonné depuis longtemps ses combats politiques, est ainsi au centre d'une traque perçue en permanence de son point de vue. Grâce à une caméra à l'épaule, vive et furtive comme un sniper, on découvre, via son regard, un monde hallucinant qui n'est plus que désespoir et abandon. Nous sommes ainsi projeté en 2027, une époque où les ressources naturelles de la Terre sont épuisées. La dernière naissance humaine remonte à vingt ans. S'appuyant sur un régime totalitaire, la Grande-Bretagne, unique pays stable, repousse difficilement les tentatives d'immigration...Un futur crédible et inquiétant
L'action nous parvient dans une qualité d'image incertaine, à la manière d'un reportage sur le terrain (jusqu'au sang sur l'objectif). Ce parti pris formel est d'une efficacité redoutable. A ce titre, l'attaque dans la forêt, vue de l'intérieur de la voiture, et la prise de l'immeuble dans la zone des migrants sont à couper le souffle et prouvent que le cinéma d'action peut encore surprendre. Composés en longs plans-séquences parfaitement maîtrisés, ces moments nourrissent le sentiment d'une action en temps réel et renforcent l'aspect réaliste de l'ensemble. Moments de bravoure, explosions et poursuites d'usage sont ainsi bien présents mais sans ce goût aseptisé du blockbuster classique.Placés au coeur de l'action dans une position instable, nous vibrons donc au rythme des peurs de Clive Owen. Tout semble pouvoir arriver. Ici, rien n'empêche de mourir, et même très tôt. Mais, au-delà de cette forme qui nous implique, notre adhésion s'opère aussi grâce à la vision d'un futur issu de problèmes actuels qui auraient connu un développement exponentiel. Terrorisme, mouvements migratoires incontrôlables et état totalitaire nécessaire au maintien de l'ordre sont le cadre de cette aventure et créent une connexion aussi crédible qu'inquiétante avec notre actualité. Les réfugiés clandestins parqués dans des cages renvoient ainsi autant au présent le plus vif (projet d'édification d'un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, reconduites aux frontières des sans-papiers) qu'au passé (déportations, camps de concentration), et n'annoncent rien de bon pour notre avenir.Une lumière d'espoir
Malgré ce climat anxiogène dominant, la mise en scène sait aussi ménager de courtes pauses étonnantes. Dans ces respirations, la lumière semble soudain, brièvement, trouer le voile opaque et terne qui habille l'image dépressive. Des animaux traversent alors le cadre en une apparition libre du vivant, symbole possible de la fin du règne humain. N'hésitant pas à suspendre le temps et l'action, le cinéaste crée d'improbables et audacieux instants de félicité. Ainsi de ce moment où l'armée s'ouvre en deux, comme la Mer rouge devant Moïse, pour laisser passer l'enfant du miracle... avant de reprendre le combat, comme une parenthèse qu'on referme.Pari risqué mais gagnant : en jouant avec quelques mythes fondateurs, légèrement pervertis (naissance d'un Jésus noir, Moïse sauvé des eaux), cette histoire vécue à hauteur d'homme atteint un souffle d'épopée biblique qui touche à la grâce sans sombrer dans le ridicule. Cuaron signe là un grand film d'action-politique-fiction !Les Fils de l'homme
Réalisé par Alfonso Cuaron
Avec Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine, Charlie Hunnam, Peter Mullan, Danny Huston.
Etats Unis, 2006 - 110 mn
Sortie en salles (France) : 18 octobre 2006
[illustrations © United International Pictures]
Sur Flu :
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- Site officiel du film