-
En 1975, l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges stoppe l’ascension du cinéma cambodgien, débutée quinze ans plus tôt. Les bobines des quelque quatre cents films tournés pendant cet âge d’or ayant été détruites, il ne reste de ce mélange de romances populaires et d’aventures fantastiques que les souvenirs épars de ceux qui les ont réalisées ou vues. Davy Chou se penche sur cette mémoire collective et la reconstitue. Il rencontre une actrice, des réalisateurs, des producteurs, des cinéphiles... Il fi lme les salles de cinéma de jadis devenues karaokés, restaurants ou squats. Aujourd’hui et hier se mêlent. La délicatesse de son regard et de sa mise en scène fait émerger ce monde englouti grâce à des
voix, des musiques, des lambeaux d’affiches ou des extraits de bandes-annonces. L’Aiglon quittant son nid, Le Marais sauvage ou L’Hippocampe, plus beaux peut-être que dans la réalité, nous sont ainsi donnés à « voir ». Sous-tendue par la tragédie d’un pays et d’un peuple, cette évocation poétique touche au cœur. -
Bien décidé à honorer une mémoire collective malmenée, Le Sommeil d'or sublime sans cesse les éléments qu'il tient à sa disposition, utilisant par exemple des chansons populaires des années 1960 et 1970 pour opérer de vivifiantes transitions. (...) Cette séquence exhale avec ardeur toutes les vertus fantasmatiques du septième art, brisant définitivement la frontière entre passé et présent, entre souvenir traumatique et lueur d'espoir, entre documentaire et fiction.
Toutes les critiques de Le sommeil d'or
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Davy Chou ressuscite le temps d’un documentaire le cinéma populaire cambodgien des années 60 totalement éradiqué par le régime khmer rouge. Une page d’histoire culturelle indispensable.
-
Documentaire remarquable sur un cinéma disparu, un cinéma fantôme : le cinéma cambodgien qui connut une parenthèse enchanté de 1960 à 1975, avant d'être assassiné par les khmers rouges. Des témoignages bouleversants et une belle évidence : impossible d'éteindre la mémoire du cinéma. A voir !
-
Ce qui commence par un tour de magie d'une telle force et pourtant d'une telle sobriété n'est pas une fiction fantastique mais un documentaire sensible et passionnant. Son sujet est un continent perdu : le cinéma cambodgien. Un cinéma qui est né, a explosé, puis a disparu.
-
L'affaire dépasse de très loin le deuil de tout cinéphile qui se respecte. Il s'agit de réveiller la conscience d'un peuple.
-
"Le Sommeil d'or" n'est donc pas seulement l'évocation d'un chapitre méconnu de l'histoire du cinéma, mais une oeuvre poétique, inventive et inspirée, qui parvient à nous émouvoir autant qu'à nous renseigner."
-
Un superbe hommage, politique et mélancolique, au 7e art.
-
Une jeune réalisateur parvient à faire revivre par la parole et la mémoire le cinéma cambodgien détruit par le régime des Khmers rouges. Emotion intense.
-
par Sophia Collet
Révéler au grand jour l’existence d’un cinéma cambodgien d’avant les Khmers rouges dont il ne reste presque plus de traces : c’est l’immense tâche que s’est donnée le jeune Davy Chou pour son premier film, documentaire qui se fait écrin à un cinéma tiré des limbes de la mémoire et célèbre l’émotion au cœur de toute cinéphilie.
Le cinéma cambodgien fut. Il connut même, de 1960 à l’arrivée au pouvoir de Pol Pot, une popularité considérable. Romances, films d’aventures, adaptations de légendes locales… La plupart des 400 films produits durant ces quinze années ont été détruits et ses vedettes, tuées par le régime Khmer rouge. C’est leur mémoire que ressuscite Davy Chou, jeune Français d’origine cambodgienne, dans son premier long-métrage. Il part à la rencontre des rares survivants (acteurs, réalisateurs, cinéphiles…) auxquels il laisse le temps du souvenir et de la parole ; filme en de somptueux travellings les lieux où les cinémas d’antan ont aujourd’hui laissé place à des salles de billard, squats et autres karaokés… à l’affût des fantômes du passé qu’en petit disciple inspiré d’Apichatpong Weerasethakul (« Oncle Boonmee… ») il convie de bien belle manière.