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C'est un film anti-spectaculaire, truffé de discussions philosophiques. Un poil revêche ? Sans doute. Et très sobre dans sa mise en scène, c'est certain, si l’on excepte l’impressionnant assaut cavalier en ouverture. Pourtant, Peck parvient à captiver avec cette fresque documentée sur les débuts de Karl Marx dans l’arène de la pensée politique. Il se concentre sur quatre années, de sa rencontre décisive avec Friedrich Engels à la publication du Manifeste du parti communiste en 1948. Indignés par le sort réservé au prolétariat dans une Europe en pleine révolution industrielle, les deux théoriciens allemands vont apprendre à faire entendre leur voix dissonante pour transformer le monde. En bons joueurs d’échecs, les deux amis avancent pion par pion, un sourire de défi en coin. Cet aspect ludique de leur engagement radical rejaillit sur le film, nimbant leurs sacrifices réels (exil forcé, relative pauvreté, vie conjugale compliquée) d’une aura plus enjouée. Avec ce carburant de buddy-movie, Peck trouve un bel équilibre dramaturgique, loin des sempiternels écueils du biopic (violons souffreteux, enluminures hagiographiques), sans qu'on reste non plus dans la reconstitution amidonnée : l’indignation sourd ici derrière chaque plan. Car forcément, le générique dylanien égrenant les images d'archives nous le rappelle, la pensée dialectique de Marx n'en finit pas de dialoguer avec l'Histoire, des révolutions communistes de XXème siècle à Occupy Wall Street ou la crise des migrants.