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Après deux coups d’essai maladroits (J’ai tué ma mère et Les Amours imaginaires) qui l’avaient institué nouvelle coqueluche tête à claques du cinéma mondial, Xavier Dolan, 23 ans, dégaine de petit Fassbinder pop venu de Montréal, a ouvertement conçu son troisième fi lm comme un chef-d’oeuvre annoncé, un magnum opus très précoce qui synthétiserait ses obsessions de jeune homme moderne passionné par l’amour fou, le romantisme teenage et les outrances baroques. La durée du fi lm est hors norme (2 h 39 !) et le sujet franchement casse-gueule (dix ans de la vie d’un homme qui souhaite devenir une femme). Péché d’orgueil ? Sans doute, mais c’est précisément de cette morgue, de son aspect bordélique et délibérément too much que Laurence Anyways tire sa force. Le film est une hypothèse délirante de cinéma total, dans laquelle Dolan jette sur l’écran tout ce qu’il aime, absolument tout (ses hits new wave préférés, une tonne de citations littéraires et cinéphiles, le meilleur et le pire de la mode 90’s...), au fil d’un récit à la vitesse d’exécution renversante. La très bonne idée, surtout, est de ne pas tant s’intéresser à la dissertation attendue (et redoutée) sur la norme et la marge qu’à l’histoire d’amour impossible entre ce héros transsexuel (Poupaud, génial) et la fi lle qui ne peut pas s’empêcher de l’aimer. Dolan filme cette love story comme une odyssée, une aventure épique, presque un Titanic transgenre. Alors, bien sûr, les scories abondent (naïveté ado, prétentions auteurisantes, dialogues sitcomesques), mais l’énergie sidérante emporte tout sur son passage. Filmer à toute allure, au risque de se planter... Franchement, on préfère ça à n’importe quel « grand film de la maturité » autoproclamé.
Toutes les critiques de Laurence Anyways
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Il y a une double détente dans le cinéma faussement superficiel de Dolan : un style tapageur et une distance ironique (...) forment un voisinage heurté et tout en ruptures. Ses films ressemblent à une bouche bavant de rouge à lèvres, d'où jailliraient des vérités cruelles sur l'amour, les sentiments, la difficulté de vivre.
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« Laurence Anyways » fait mieux que confirmer les promesses des « Amours imaginaires », le précédent film de Xavier Dolan ; il les réinvente. L’écriture du cinéaste – son romantisme éperdu mâtiné d’humour sarcastique, son lyrisme pop qui remixe Musset et Duran Duran, les Beaux-Arts et l’esthétique clippée de la fin des années 1980 – y révèle une densité, une ampleur romanesque insoupçonnées. Au fond, la transsexualité n’est ici qu’un prétexte à raconter la marginalité de la passion amoureuse. C’est brillant, moderne, bouleversant. D’une insolente beauté.
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Une histoire d'amour impossible et touchante.
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Xavier Dolan fera certainement partie des cinéastes majeurs des prochaines décennies. Malgré une petite faiblesse de rythme, Laurence Anyways est aussi puissant esthétiquement que du point de vue de son histoire.
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Le film qui en ressort est un monstre déconcertant. D'un côté, la fuite baroque (...). De l'autre, un bon vieux mélo des familles, qui ne déroge pas aux canons : primat du romanesque, exposition limpide du conflit, respect du déroulement narratif, dialogues ciselés, morceaux de bravoure pathétiques.
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Dolan renoue avec un certain cinéma, celui de cette période hollywoodienne un peu incertaine du début des années 70 (...). [Il] redonne à ce genre plutôt mineur un regain de juvénilité et de modernité.
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C'est exacerbé, parfois fastidieux, mais c'est toujours magnifique et interprété avec les tripes.
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En mai, à Cannes (...) Xavier Dolan déclarait à l'AFP que son troisième long métrage était son oeuvre "la plus aboutie, la plus complète, la plus accessible et la plus touchante". Passons sur le caractère présomptueux du propos. Le réalisateur québécois méché de 23 ans a raison.
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"Laurence Anyways" est un film fleuve qui ne cesse de s'ouvrir, de nous emmener plus loin, avec un formidable appétit de cinéma. (...) Au lieu de se couler dans le moule romanesque lyrique des fresques cinématographiques, Dolan ose un étonnant collage, juxtapose toutes sortes d'images. (...) La force de Xavier Dolan, c'est qu'il n'a peur de rien.
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[La] performance de [Melvil Poupaud] en transsexuel pourrait bien lui valoir une nomination aux prochains Césars.
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Un roman fleuve (...) dans un débauche de dialogues hystériques, de ralentis fougueux, de décors et costumes stylisés, de parenthèses en forme de vidéoclip musical... Ces boursouflures assumées agacent tout en dopant cette histoires déjà peu ordinaire, finaude dans sa façon de démonter les clichés.
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[Xavier Dolan] montre une fois encore son tempérament de cinéaste. Comme s'il avait déjà bien mûri, il s'est défait de quelques tics de jeunesse pour assagir ses formes. (...) Il aurait tout de même pu aborder [son sujet] plus sobrement que dans ce très long mélodrame interminable.
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2h39, c'est inhabituel pour un film labellisé auteur, mais après tout son sujet l'est tout autant au cinéma! Melvil Poupaud et Suzanne Clément forment un beau couple à l'écran, la plongée dans les nineties est irréprochable, dommage que la mise en scène ne fonctionne que par fulgurances. Chaque séquence est ponctuée par de jolis clips censés suspendre le temps. Résultat, le film finit trop souvent par nous échapper.
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Dans Laurence Anyways, on trouve à boire et à manger. Il faut dire que le film est long, trop long même. Il aurait sans aucun doute gagné à être resserré et à plus de simplicité. (...) ce qui manque, par moment, à Laurence Anyways : une once de légèreté et de spontanéité pour nous défaire de cette curieuse impression que le film se prend trop au sérieux, dans la mauvaise acception du terme. On en viendrait presque à espérer que le réalisateur rencontre très vite un véritable échec public et critique qui l’aide à se défaire de son statut de jeune prodige en continuelle démonstration pour mieux se concentrer sur l’essence même de son travail.
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(...) l'esthétique trop appliquée voire publicitaire, les clins d'œil répétés et le recours systématique à une imagerie kitsch de mauvais goût gardent le spectateur à distance. Pour convaincre à l'avenir, Dolan devra affiner ses manières et il lui faudra sans doute plus de maturité dans le traitement de ses sujets.
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Quelques beaux moments, une poignée de jolies répliques, noyés dans un amoncellement répétitif, qui rendrait presque Jean-Paul Goude supportable.