Première
par Sylvestre Picard
C'est l'une des micro-tendances du cinéma américain des studios : le serpent qui se mord la queue. A l’image de cette Couleur pourpre, adaptation d'une comédie musicale de Broadway, elle-même adaptée du film de Steven Spielberg, qui adaptait le roman d'Alice Walker. Ou du récent Mean Girls - Lolita malgré moi (notez le génie de la VF) - … adaptation cinéma d’une comédie musicale de Broadway, qui adaptait le film de 2004 avec Lindsay Lohan. Bref, mutatis mutandis, rien ne se perd, tout se transforme. Revenons à cette Couleur pourpre, à cette histoire de deux sœurs afro-américaines dans le Sud des Etats-Unis, qui vont être séparées pendant un demi-siècle. L'une va retrouver l'Afrique des origines tandis que l'autre, mariée à un alcoolique violent, va survivre et forger son propre destin -jusqu'à un final de fantasy rêvée qui évoque l'utopie panafricaine du Wakanda (promis, juré). Au-delà de son aspect musical rutilant, parfaitement rodé (l'une des compositrices, Ailee Willis, disparue en 2019, a composé September pour Earth, Wind & Fire et la chanson du générique de Friends), La Couleur pourpre repose essentiellement sur les perfs canon de son casting notamment Fantasia Barrino (découverte dans American Idol, elle a aussi joué La Couleur pourpre sur scène à Broadway), Taraji P. Henson géniale en chanteuse de blues bi et flamboyante, Coleman Domingo (Euphoria) excellent... Tout est à la fois excessif et très calibré : bref, cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu un film aussi américain -dans tous les sens du terme- sur grand écran. Et ça fait du bien !