-
La Présidentielle approchant, les films sur le politique se multiplient au cinéma, qu’ils évoquent un scrutin (Municipale) ou un mouvement qui a secoué comme jamais depuis 68 la société française (Un peuple, voir p 67). La Campagne de France s’inscrit dans cette famille avec la même réussite. Aux commandes, on retrouve Sylvain Desclous, auteur de l’excellent Vendeur. Il s’essaie pour la première fois au documentaire en plongeant dans la campagne municipale de Preuilly-sur-Claise (le village de son grand- père) qu’il prend le parti de raconter en suivant une des trois listes en lice. Un choix gagnant car il permet - au lieu de chercher exhaustivité et équilibre entre toutes - de creuser les relations entre ses membres à commencer par la tête de liste et son numéro 2. Un mariage sur le papier impossible entre un Parisien consultant en intelligence artificielle partisan d’une campagne pacifiée revenu s’installer dans son village d’enfance et la grande gueule du coin, la gauche chevillée au corps, prêt à en découdre qui, conscient après deux échecs qu’il ne sera jamais élu sur son nom, a choisi de se ranger en deuxième position. Il y a un côté buddy- movie dans La Campagne de France mais on le vit en empathie avec ces « personnages », sans une once de moquerie à la Striptease. Et le film évolue brillamment entre questionnement sur les limites de la démocratie participative et moments d’émotion à vous fendre le cœur comme quand la fameuse « grande gueule » que rien ne semblait pouvoir atteindre comprend qu’il a perdu l’ultime combat de sa vie. La politique à hauteur d’hommes (mode d’emploi).