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Vingt six ans après la catastrophe de Tchernobyl, la documentariste Israélienne Michale Boganim signe sa première fiction, qui est aussi la première sur le sujet (à sortir en France en tout cas). Et on ne peut pas dire que les autorités ukrainiennes aient beaucoup encouragé ce tournage. L’équipe s’est pourtant rendue sur place, dans la «zone» fantomatique, paysage lunaire et dévasté où tout n’est que ruine et deuil, mais où la vie reprend peu à peu ses droits. Rien que pour cette visite guidée en enfer qui relève du documentaire, le film vaut le détour. Mais il y a plus, malgré une deuxième partie de moindre intérêt. Dans la première moitié, le scénario approche l’indicible : l’instantané bouleversant de ce qu’est le bonheur quand on ignore qu’on va le perdre. L’idée de parler de l’union de deux cœurs au moment où le cœur d’un réacteur rentre en fusion n’est pas que théorique, elle rend palpable la tragédie. Et la sublime lumière du chef opérateur fait le reste...
Toutes les critiques de La Terre outragée
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Michale Boganim est documentariste, elle a le sens des détails qui disent tout et prouve, avec ce premier long-métrage, qu'elle est pourvue du don unique d'inventer le vrai.
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Une première oeuvre forte et intimiste sur la catastrophe de Tchernobyl.
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Après l’évacuation de la population, rien n’a bougé dans la « zone ». Ni les risques de contamination ni la souffrance des habitants arrachés à leur terre. Une terre définitivement souillée que des tour-opérateurs font visiter à grands frais. C’est ce manque aussi invisible que la radioactivité que Michale Boganim a magnifiquement filmé dans les décombres du communisme. Un arrachement familier pour la réalisatrice d'« Odessa… Odessa ! » qui, elle aussi, a dû quitté Haïfa précipitamment pendant la guerre du Liban.
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De façon étonnante et sans doute involontaire, le réalisme précis de ce film offre même un écho profond aux plus grands films fantastiques ou d'horreur.
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En privilégiant le portrait de ces âmes fantôme à toute reconstitution spectaculaire, Michaele Boganim redonne à cette page de l'histoire moderne un visage terriblement humain.
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par Caroline Vié
Les êtres fantômes qu'elle [Michale Boganim] fait vivre à l'écran hantent durablement par leur humanité et leur désespoir.
De façon étonnante et sans doute involontaire, le réalisme précis de ce film offre même un écho profond aux plus grands films fantastiques ou d'horreur.
Dans la "Terre outragée" [...] l'accident nucléaire n'est qu'un prétexte pour évoquer sans pathos les exils intérieurs [...] de personnages cramés par un terrible passé, puis lentement contaminés par la solitude.
Ce retour fictionnel sur la tragédie de Tchernobyl met en scène des personnages très incarnés dans un propos complexe, maniant parfois avec un peu de maladresse différents niveaux de lecture. Une réflexion importante sur une blessure de la modernité.
Plus qu'à une reconstitution spectaculaire, le cinéaste, qui a dû ruser avec les autorités locales pour avoir le droit de tourner, s'attache aux pas de cette femme pour mieux faire ressentir, l'insidieux poison de la catastrophe.
(...) Si les personnages ne s'imposent pas vraiment dans ce cinéma plus doué pour l'ambiance que la fiction, c'est qu'ils sont emportés dans une histoire qui détruit les destinées individuelles, qui les fait devenir fantômes eux-mêmes. Le film doit beaucoup à la présence d'Olga Kurylenko (...).
(...) le film n'est beau et fort que par bribes (...). Non que la primauté de la fiction sur le documentaire en soit véritablement responsable. Ce qui pèse, c'est cette ignorance naïve de la vraie nature de l'objet, de Tchernobyl, puissante et hypnotique au point de faire du film un documentaire malgré lui.
"La Terre Outragée" aborde ses conséquences par le prisme d'un drame personnel. Evitant le spectaculaire voyeuriste, le film a tendance à piétiner, avec ses personnages incapables d'aller de l'avant, mais livre un témoignage inédit.