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Depuis Le Ventre de Juliette (2003), Martin Provost ne dévie pas de sa ligne en montrant des femmes confrontées à la violence (sociale, artistique, masculine) et leur lent chemin vers l’émancipation. Avec Sage Femme, son précédent film, il a changé de ton : place à la fantaisie. La Bonne Épouse confirme cette nouvelle inclination. Il confie à Juliette Binoche le rôle de Paulette Van Der Beck, une directrice d’école ménagère chargée de préparer les jeunes filles à leur emploi de mère au foyer, soumise et souriante. Seulement, voilà, nous sommes en 1968. Les moeurs ont évolué, l’école fait moins recette, l’esprit yé-yé est dans les coeurs et dans les têtes... Quand son mari meurt brusquement et à la faveur de retrouvailles avec un amour de jeunesse, Paulette Van Der Beck se dit qu’elle a peut-être raté quelque chose. Et Martin Provost d’enfiler gaiement les clichés dans cette comédie féministe programmatique où la jolie quinqua troque les tailleurs pour les jeans, où la belle-soeur vieille fille se met à rêver au prince charmant et où la religieuse rabat-joie finit par ravaler son conservatisme old school. On pense beaucoup à Potiche, l’ironie et la méchanceté cinglantes en moins. Reste le rythme donné par la mise en scène et par l’énergie d’une Juliette Binoche qui confirme son talent sous-exploité pour la comédie. Elle entraîne dans son sillage la poétique Yolande Moreau et la fantasque Noémie Lvovsky, leur abattage reléguant à l’arrière-plan les personnages des jeunes filles, contrepoints un peu artificiels.