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Nicolas Boukhrief tire son épingle du jeu avec un film qui évite le déjà-vu. Aux antipodes d’une certaine tendance du polar à la française, le cinéaste tend à l’épure et réussit à ménager la tension avec un récit classique et linéaire. Son regard est lucide mais pas complaisant, l’histoire est dure mais réaliste. Le réalisateur fait aussi le ménage devant sa propre porte en s’astreignant à ne pas répéter les mêmes motifs que dans Le Convoyeur ou Cortex. Une bonne idée consiste à offrir un rôle à contre-emploi à Fred Testot qui, dans son premier rôle dramatique, révèle une gravité adéquate face à Cécile De France, elle aussi dans un registre inhabituel. Visuellement, Nicolas Boukhrief et son chef opérateur, Dominique Colin, ont pris des risques en essayant une nouvelle caméra numérique, parfaitement adaptée aux ambiances nocturnes des boîtes techno. Les musiques sont au diapason : speed.
Toutes les critiques de Gardiens De L'Ordre
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Sans être complètement abouti, Gardiens de l'ordre est un film policier tendu, à la mise en scène dénuée de tout artifice, une oeuvre à découvrir.
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Très violente, cette histoire terrifie pourtant autant sur le fond que sur la forme. Et le réalisateur ne nous laisse pas une minute pour respirer, jusqu'au dernier plan.
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Si le réalisateur ne joue pas au Coppola ou au Brian de Palma de banlieie, il ne cherche pas non plus le réalisme à la française. L'histoire, huilée comme le barillet d'un flingue de cinéma, vous percute de scène en scène sans faiblir, soutenue par des personnages qui, eux, sont ancrés dans une réalité psychologique et sociale crédible. Le casting de ce film très réussi n'est pas chargé avec des balles à blancs-becs.
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Mise en scène nerveuse, situation vraisemblable : le film s'annonce comme un modèle de polar jusqu'à ce que le scénario bascule dans l'invraisemblance la plus totale. Impossible dès lors de continuer à croire au récit, qui file tout droit vers un final grand-guignolesque. Vraiment dommage...
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Gardiens de l'ordre aurait pu être un film avec plus de poids. Il en a. Mais pas assez. Si l'on peut faire abstraction de ces quelques remarques, ce qui a aussi été mon cas, on tient à aller au bout de ce film, con on se sent concerné par lui.
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L'intrigue de Gardiens de l'ordre rappellerait un bon téléfilm du dimanche soir si Nicolas Boukhrief ne se trouvait pas derrière la caméra. Le réalisateur du Convoyeur revient ici en grande forme après le décevant Cortex. L'histoire un brin capilotractée est le maillon faible d'un récit nerveux porté par d'excellents acteurs. Cécile de France, fragile et résolue, et Julien Boissellier, dealer flippant à souhait, se révèlent impeccables.
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Sur ce scénario déjà limite, relativement prodigue en invraisemblances (la première d'entre elles consistant à nous faire accroire qu'un gardien de la paix peut sans forcer sa nature devenir James Bond), Nicolas Boukhrief joue cependant une carte audacieuse avec le casting improbable de son tandem héroïque : la délicieuse Cécile de France, au registre ordinairement plus acidulé, et Fred Testot, tout droit sorti de chez Omar et Fred, le spot comique de Canal+.
Le résultat n'est pas indigne, mais il n'est pas davantage probant, tant on a du mal à croire vraiment en leurs personnages, comme d'ailleurs en leurs antagonistes, qui ne ménagent pourtant pas leurs efforts pour paraître très méchants. Voilà bien le problème du néo-polar à la française, qui semble toujours surjouer un modèle sur lequel il n'est pourtant pas taillé. -
Le nouveau film de Nicolas Boukhrief est un étrange polar spectral dans lequel évoluent des personnages translucides, vidés de leur substance vitale, uniquement motivés par la justice et la vengeance. Problème : des flics fatigués qui franchissent la ligne jaune, on en a vu des tonnes au cinéma. L’originalité n’est donc pas l’atout majeur de cet opus. Ce qui frappe surtout, c’est que le film semble branché sur courant alternatif. Des scènes lentes, voire ennuyeuses, laissent place à des moments de tension dotés d’une mise en scène et d’un montage efficaces (le vol d’armes au poste de police et surtout le final grandiose). Le scénario, plutôt habile, joue sur les reconnaissances d’identités pour symboliser le fait que les deux compères de fortune ne savent plus très bien ni qui ils sont ni de quel côté ils se trouvent. Ironie malheureuse, alors que le casting est quasi irréprochable, Fred Testot, en revanche, ne semble pas savoir non plus qui est vraiment son personnage et comment l’interpréter. Lui aussi est sur courant alternatif : bon dans certaines scènes, carrément à l’ouest dans d’autres, il n’a pas su rendre tout à fait crédible ce rôle au potentiel mystérieux pourtant intéressant.
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Grand amateur de séries B, l'ancien rédac chef de Starfix sait qu'une ambiance et un bon acteur peuvent racheter un scénario sans surprise. D'où le soin qu'il a apporté aux décors (un commissariat ultramoderne et cafardeux) et aux seconds rôles (Julien Boisselier, parfait en patron de boîte patelin). Mais on attend que Nicolas Boukhrief accorde autant d'importance à l'écriture qu'au casting.
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Ainsi va le film, tiraillé par une sobriété de petit scarabée du polar pas forcément volontaire (grammaire limitée à trois cadrages, dont un pano gauche-droite à chaque virée en boîte) et fantasmes de petit caïd (un vol de sac dans un commissariat, dilaté à la Hitchcock, comme le casse du siècle). En résulte une fébrilité insensée, un récit bourré d'ébauches, trop mal fagoté et paradoxalement trop prétentieux pour emporter l'adhésion. Boukhrief confond crispation et tension, comme si la moindre respiration, le moindre changement de rythme étaient susceptibles de bousiller le suspense. Cette crispation aurait pu nourrir l'intrigue, centrée sur l'imposture et l'amateurisme revendiqué des deux petits fonctionnaires, tenus de passer pour des cadors. Mais non, le film se rêve tellement en grand polar mannien qu'il pousse l'aberration jusqu'à imaginer ses personnages en superpros. De quoi faire passer Gardiens de l'ordre pour ce qu'il est : une série B pâlote, écrasée par ses références, grignotée par la peur.