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La réussite d’un tel portrait filmé tient beaucoup à l’incarnation du personnage par l’acteur. Nul doute, ici : Audrey Tautou est Chanel. Même regard noir pénétrant, même gabarit et, sans doute, même détermination. Une fois passé cette évidence, la deuxième excellente idée d’Anne Fontaine est d’être allée chercher Benoît Poelvoorde pour interpréter Balsan. L’acteur est parfait en trublion joyeux et détaché puis en amoureux éconduit et désespéré. Ces deux-là sont pour beaucoup dans l’intérêt que l’on porte aux débuts méconnus – et souvent réinventés par elle-même – de Coco Chanel. Tellement que, dès qu’on les quitte, on sent la frustration de ne pas poursuivre l’aventure plus avant.
Toutes les critiques de Coco avant Chanel
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce film d'époque sans frous-frous prend le destin d'une femme à sa racine et la cueille dès les premiers plans dans un orphelinat austère du centre de la France. C'est la détermination marginale de cette femme qui nage à contre-courant, sans atout ni atours pour l'époque, qui apparaît avec le plus de force devant la caméra d'Anne Fontaine. Et c'est cette gravité qu'Audrey Tautou incarne du fin fond de son regard noir sans aucune hésitation, mais avec beaucoup de vibrations dans ce rôle Coco taillé pour elle.
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En choisissant de s'en tenir à la jeunesse de Gabrielle Chanel, Anne Fontaine (La fille de Monaco) ne signe pas seulement un beau film toujours sur le fil entre tension et romanesque, à l'humour souvent piquant. Elle s'affranchit magistralement du biopic tout comme Audrey Tautou se déleste par son jeu exceptionnel du mimétisme avec son modèle, malgré sa troublante ressemblance avec Mademoiselle. Pour donner vie à cette Coco unique, fragile et dure, d'avant Chanel.
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Mot d'ordre évident : l'élégance. Tout, ici, des décors aux costumes, est joliment discret. Les sentiments eux-mêmes, si exacerbés soient-ils - ceux que Benoît Poelvoorde commence à éprouver, ceux auxquels Audrey Tautou ne peut s'empêcher de succomber -, semblent régis par l'exigence. Une volonté de dignité.
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Audrey Tautou incarne avec justesse et élégance, dans ce film aux allures parfois de beau téléfilm, une jeune femme observant un monde dont elle est un temps la complice mais dont elle s’affranchit. Benoît Poelvoorde dans le rôle d’Etienne Balsan, l’ami plus que l’amant, fait penser à l’Octave campé par Renoir dans sa « Règle du jeu ». Sur les traces d’un esprit libre qui ne voulait rien apprendre en esclave.
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Audrey Tautou traîne depuis bientôt une décennie le regard écarquillé et l'universelle compassion d'Amélie Poulain. Ce n'est pas la première fois qu'elle jette cet habit aux orties (voir Dirty Pretty Things, de Stephen Frears, ou la cocotte délurée de Hors de prix). Gabrielle Chanel aura pour première utilité de reléguer Amélie au musée. L'actrice n'élude aucun des travers de son modèle : l'ambition forcenée, la mythomanie, l'absence de scrupules. Elle ne renonce pas pour autant à la sympathie du public, jouant d'un charme à rebours des lieux communs de la séduction.
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Comme intimidée par son modèle, la réalisatrice semble avoir trop serré la ceinture de sa personnalité. Même si elle n'est ni Luchino Visconti ni Liliana Cavani, la cinéaste aurait pu éviter de donner parfois l'impression de confectionner son film avec du tissu de téléfilm.
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Anne Fontaine a choisi de nous raconter l'histoire d'un chagrin d'amour qu'une femme, au tempérament artiste, sublime dans la création. C'est un point de vue éminemment romantique qui permet à la réalisatrice de réussir la naissance d'une figure. En revanche, elle rate sans doute le portrait d'un mythe bigger than life du fait d'une mise en scène un peu plate et académique, genre "fiction française de qualité".