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Brewer emprunte au blues sa structure, ses thèmes, son vocabulaire, ses figures rythmiques et ses répétitions. Ses acteurs sont des instruments dont il a tiré exactement les notes qu'il voulait, et il n'est pas aberrant d'affirmer que Ricci et Jackson ont trouvé ici leurs meilleurs rôles depuis très longtemps.
Toutes les critiques de Black Snake Moan
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce n’est pas un hasard si ce drame brûlant tire son nom d’un morceau de blues de Blind Lemon Jefferson (la complainte du serpent noir). Que ce soit en matière de religion, de sexe ou d’amour, le blues rythme les déchirures les plus profondes de l’homme et donne au film ses points de repères. Propice aux sentiments exacerbés, le Sud sauvage et sensuel d’Un Tramway nommé désir n’a pas pris une ride et se fait le théâtre d’un affrontement orageux entre un homme et sa conscience, une jeune fille et son passé. Black Snake Moan, c’est la poignante catharsis de l’être humain et de la bête qu’il porte en lui.
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Bienvenue dans le Tennessee ! Toutefois, point de Johnny Hallyday dans les parages mais plutôt Samuel L. Jackson en bluesman et fervent chrétien prêt à tout pour sauver la sulfureuse Christina Ricci de ses péchés… Craig Brewer réalise une nouvelle « bombe » (après Hustle & Flow) où il rassemble à merveille fille enchaînée en petite culotte, ambiance torride du sud des États-Unis et rencontre quasi-mythique entre un orage et un bluesman. À l’image de l’une des plus belles scènes du film, Christina dansant sur un blues endiablé, tout semble vraiment plus chaud dans le Sud. Pour notre plus grand plaisir à tous.
- Téléramapar Jérémie Couston
Conscient du caractère hautement casse-gueule de la thérapie mystico-musicale qu’il propose, le réalisateur désamorce les gloussements intempestifs des mécréants en retournant tous les clichés à son avantage. Impliqués corps et âme dans leurs rôles d’estropiés de la carte du Tendre, Samuel L. Jackson et Christina Ricci font réellement des miracles.
- Fluctuat
Mystique, musical, intense, Black Snake Moan livre sa complainte blues sans fausse note. Un étrange OVNI à la facture indé, hors genre et bien pensé. Bienvenue dans un coin paumé d'Amérique où cohabitent la musique, la nymphomanie et la foi.
- Exprimez-vous sur le forum Black Snake MoanIl a la soixantaine, il est Noir, sa femme vient de le quitter pour son frère cadet, il fait pousser des légumes autour de sa maisonnette isolée. Dans le temps, le blues ça le connaissait. Guitare, voix, et c'était parti pour la soirée. Il aurait tendance à boire un coup de trop mais fait attention à ne pas laisser exploser souffrance et violence mais essaye de s'en remettre à la foi. Elle a peut-être 25 ans, elle est Blanche, son seul amour vient de repartir pour l'armée. Abusée dans son enfance, elle souffre d'une nymphomanie avancée que tout le coin a constaté et dont pas mal ont profité. Entre Lazarus (Samuel L. Jackson) et Rae (Christina Ricci), la rencontre promet.Un point de départ fort : la musique blues. Deux personnages touchants et bien interprétés. Et cette cohérence du thème, respectée de bout en bout. Souffrance, violence, désir, amour, tension. Tout ce qui habite le blues est dans ce film. Attendu, et donc sans surprise, le rapprochement des deux protagonistes fonctionne cependant à merveille. Si chaque profil psychologique est relativement évident, de leur confrontation naît quelque chose de plus. Une émotion ? Une curiosité ? Un attachement inattendu ? Sans doute un peu de tout ça, et avec, la satisfaction de voir à l'écran des êtres définitivement humains, dont les failles béantes font la force et l'intérêt.Alléluia !Chacun ses vices ici, personne n'est parfait. En contrepoids, le discours sur la rédemption et le pardon, truffé de références bibliques, pourrait gêner. Les péchés et le Seigneur sont partout, les démons des excès et de la tromperie s'opposent à la pureté de l'union bénie par les liens sacrés du mariage, les dérapages et la luxure doivent trouver le chemin vers la guérison. Cette omniprésente opposition du Bien et du Mal pourrait sembler réductrice. Elle illustre au contraire les tiraillements des personnages. In fine, le parti pris manichéen ne gêne jamais, d'autant qu'il figure les racines religieuses de la musique blues, en partie née du negro-spiritual. Cohérence du thème, encore une fois, dont la constance ne peut qu'être saluée.Nul prosélytisme, par ailleurs. Juste une histoire qui vient des tripes, au coeur de laquelle les envolées lyriques, les prêches enflammés, occupent une place bien choisie. Par instant, La Nuit du chasseur n'est pas loin... Sans cette dimension mystique, Black Snake Moan tomberait sans doute à plat. Comme la musique blues, qui transcende la douleur, il devait prendre un peu de hauteur pour coller au sujet. Pari réussi. En soutien, une mise en scène plutôt classique, des cadrages simples et volontairement sans ambiguïté, laissent les comédiens oeuvrer, les personnages prendre corps. Devant l'image à grain, presque salie, avec ce petit côté indé pas déplaisant, on se laisse aller sans peine, emporté par l'univers bien posé de ce film à la marge. Un drôle de petit OVNI. Black Snake Moan
De Craig Brewer
Samuel L. Jackson, Christina Ricci, Justin Timberlake
Sortie en salles le 30 mai 2007
Illus. © Paramount Pictures France
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- Lire le fil sorties de la semaine sur le blog cinémaPariscopepar Virginie GaucherRien de venimeux dans ce serpent-là mais une fascinante partition à deux ou trois personnages en quête de rédemption. Le blues comme exorcisme au mal de vivre, le blues qui chante le spleen avec sensualité : entre le doux geôlier qui ne croit plus à l’amour, la jeune femme qui ne sait combattre ses démons que par le sexe ou la drogue et le jeune soldat névrosé, le blues est un bienfaisant langage des corps et de l’âme.
Le Mondepar Jean-François RaugerLa chronique de cette captivité constitue la première partie du film, étonnante, porté par le talent de Samuel L. Jackson et l'énergie de Christina Ricci. La situation est à la fois incongrue et troublante, produit d'un incroyable coup de force du scénario. Dommage que la deuxième partie du film introduise de la psychologie, affadissant ce qui pouvait avoir la liberté d'un morceau de musique.