- Première
Il y a quelque chose d’effroyable et de saisissant à voir ces images défiler à l’écran. Comme si l’on voulait, dans un même geste, fermer les yeux et entrouvrir un demi-mini-œil voyeuriste. Là, devant nous, des déportés circulent (survivent) dans les camps de concentration et d’extermination nazis. À Dachau, Buchenwald, Mittelbau-Dora, Ravensbrück et Auschwitz-Birkenau. Depuis plus de quinze ans, le réalisateur et documentariste français Christophe Cognet scrute les photographies prises en secret par quelques prisonniers de l’enfer. Cette fois, il les met en lumière dans un film, juxtapose les clichés, ajoute la voix des historiens, fixe de simples légendes contextuelles. Recompose le passé. Le fige. Jusque-là, l’horreur n’avait pas d’image, ou très peu (ou cinématographiques). Cognet signe une œuvre de mémoire, sobre et ultra importante.
Estelle Aubin