Vite lassé d'être employé de banque, le jeune László acquiert à Vienne sa formation d'acteur de théâtre et de cabaret, fait ses débuts à Zurich, part pour Berlin. Là, il tourne deux ou trois rôles mineurs avant d'être engagé par Lang pour tenir le rôle du sadique amateur de petites filles (M le Maudit, 1931) dans l'hallucinant éclairage dramatique qui allait rendre inoubliables sa silhouette tassée, sa figure blême et son regard de poisson malade. Il est consacré. Mais ce n'est qu'après avoir fui l'Allemagne devenue nazie qu'il rencontre Hitchcock à Londres (l'Homme qui en savait trop, 1934). Il part la même année pour Hollywood, où il retrouve Karl Freund ; ce dernier, dans un remake des Mains d'Orlac, donne à Lorre, une fois encore, un rôle de psychopathe. Son dernier grand emploi est le Raskolnikov que lui confie Sternberg en 1935 dans Remords, alors que Agent secret (Hitchcock, 1936) et la série des huit Mr. Moto (de 1936 à 1939), où il joue le personnage d'un détective nippon précieux et machiavélique, font plus appel à ses dons comiques qu'à son talent d'acteur ou à celui du cinéaste Norman Foster. Dès le Faucon maltais (J. Huston, 1941), il renoue avec le film noir, compose des figures vénéneuses, tordues et troubles, à l'affût au coin de toiles d'araignées policières, psychologiques, d'espionnage ou d'épouvante. Un des attraits durables dans une carrière souvent décevante reste son association avec Sydney Greenstreet. Si leur couple du Faucon maltais est dans toutes les mémoires, n'oublions pas, nimbées de belles lueurs de soufre, leurs prestations savoureuses dans Casablanca (M. Curtiz, 1943), Intrigues en Orient (R. Walsh, id.), le Masque de Dimitrios (J. Negulesco, 1944), Passage to Marseille (Curtiz, id.), The Verdict (D. Siegel, 1946), tous ces derniers films à la Warner avec, en prime, le chapeau, l'imper et le physique de Bogart. Ainsi Peter Lorre, démon boulot et exigu, fait-il corps avec le thriller dans ses plus noirs desseins. Il revient même, entre des apparitions diverses et sans intérêt, au fantastique avec Roger Corman (le Corbeau, 1963). Il tente sans succès un retour en Allemagne, réalisant un film dont il est l'interprète principal : Un homme perdu (Der Verlorene, 1951), sur le thème du lourd héritage des temps du nazisme. Son ultime apparition eut lieu dans Jerry souffre-douleur (J. Lewis), l'année même de sa mort.
Nom de naissance | LORRE |
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