Fille d'un diplomate colombien et d'une ancienne reine de beauté, Ingrid Bétancourt passe son enfance entre la Colombie et la France où son père est nommé ambassadeur auprès de l'UNESCO. Elle intègre Sciences-Po où enseigne à l'époque Dominique de Villepin. Elle se marie à Fabrice Delloye en 1981. Neuf ans plus tard, Ingrid retourne à Bogota où elle intègre le ministère des finances. C'est le début d'une carrière politique dont l'apogée sera sa candidature à l'élection présidentielle colombienne de 2002 pour Oxygeno verde, pour lequel elle est sénatrice depuis 1994. L'enlèvement par les FARC Le 23 février 2002, Ingrid Bétancourt et sa directrice de campagne Clara Rojas sont enlevées par les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC), un groupe de rebelles d'inspiration marxiste léniniste, composé d'une dizaine de milliers de membres et considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Europe. Les deux femmes sont enlevées sur une route dangereuse qui mène à la ville de San Vicente del Caguan, où elles souhaitaient soutenir le maire qui appartient au même parti qu'elles. Ces kidnappings constituent pour les FARC une monnaie d'échange pour faire libérer des guerilleros enfermés dans les geoles de l'Etat colombien.Le 09 juillet 2003 Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères organise une opération d'extraction par voie aérienne. L'avion militaire se pose sur l'aéroport de Manaus où il est repéré par les autorités brésiliennes. Quatre jours plus tard il redécolle sans Ingrid Bétancourt et après avoir froissé les autorités brésiliennes envers lesquelles Villepin devra présenter des excuses. L'opération aurait été menée directement par le chef de la diplomatie en lien avec l'Elysée. Début du processus de libération Ingrid Betancourt est l'otage français retenue depuis le plus longtemps en Colombie. Le 06 mai 2007 au soir de son investiture, le président Nicolas Sarkozy affirme que "la France n'oubliera pas Ingrid de Bétancourt". Quelques jours plus tard (le 11) un officier colombien, John Frank Pinchao Blanco qui a réussi à échapper aux FARC assure que Bétancourt est en vie et donne des détails sur la captivité de l'otage. Son témoignage est soumis à caution, mais le président colombien Alvaro Uribe en gage de coopération avec les FARC accepte de faire libérer le chef guerillero Rodrigo Granda. La décision, prise à la demande de Nicolas Sarkozy est difficile pour le président qui a vu son père assassiné par les FARC et qui doit son élection à sa vive critique des négociations ouvertes par son prédecesseur avec les rebelles. Les FARC qui voient dans ces ouvertures la possibilité de rompre avec une stratégie qui les isole de plus en plus exigent la démilitarisation d'une zone de 400 km2. Alors qu'un processus d'accord autour de la libération mutuelle d'otages, un communiqué de l'agence de presse Anncol diffuse le 28 juin un communiqué des FARC annonçant que 11 députés retenus en otage dans le même groupe qu'Ingrid Bétancourt seraient morts à la suite d'une opération militaire menée par le gouvernement colombien. Ingrid Bétancourt ne ferait pas partie de la liste des victimes. Ingrid est en vie L'affaire, décidemment très politique, connaît un nouveau rebondissement en novembre 2007 quand le président vénézuélien Hugo Chavez décide de tenter une médiation. Le 19 novembre arrivé à Paris, Chavez n'apporte pas les preuves matérielles qu'Ingrid Bétancourt est encore vivante contrairement à ce qu'on attendait. Le leader vénézuélien est mandaté (avec la sénatrice colombienne Piedad Cordoba ) depuis trois mois par le gouvernement colombien d'Alvaro Uribe. Celui-ci décide de mettre un terme à la collaboration. Hugo Chavez a en effet contacté directement par téléphone le commandant de l'armée colombienne, le général Mario Montoya, et lui a posé des questions sur les otages sans juger nécessaire d'en réferer au Chef de l'Etat. Le 30 novembre 2007, le gouvernement colombien diffuse une vidéo montrant Ingrid Bétancourt en vie mais très affaiblie, ligotée dans la jungle. Des photos et des lettres, notamment une adressée par Ingrid à sa mère, Yolanda Pulecio, ont également été saisies lors de l'arrestation de différents membres des FARC.Ingrid Bétancourt libérée Alors que la pression médiatique semble retomber, le gouvernement colombien annonce la libération d'Ingrid le 02 juillet 2008 dans la soirée. Le ministre de la défense Juan Manuel Santos annonce la libération d'Ingrid à laquelle s'ajoute celle de trois autres otages d'origine américaine. "Cela rentrera dans l'histoire par son audace et son efficacité", a indiqué le ministre. Et pour cause : la libération d'Ingrid Bétancourt est l'occasion rêvée pour le gouvernement colombien de damer le pion d'Hugo Chavez et de donner des gages de bonne conduite - c'est à dire de lutte assidue contre les FARC - aux exécutifs français et américain. Onze militaires ou policiers auraient également été libérés lors de la même opération qui s'est déroulée mercredi 02 juillet dans la jungle de Guaviare, dans le sud du pays. "Je suis comblée de joie", a déclaré Astrid Betancourt, sa soeur, à l'annonce de sa libération. D'après les premières informations délivrées par le gouvernement colombien, Ingrid Bétancourt et les autres otages seraient en "relative bonne santé". Le jour d'aprèsDeux jours après sa libération, Ingrid retourne en France, où, après un discours émouvant en présence de Nicolas Sarkozy, elle fait des analyses à l'hôpital Val de Grâce. Le même Nicolas Sarkozy, qui ne la quitte plus depuis son retour, luis remet la Légion d'Honneur lors d'une garden-party de l'Elysée.Ingrid n'a pas envie de donner suite à son expérience politique en Colombie, mais elle espère y retourner un jour. En attendant, c'est depuis l'étranger qu'elle milite pour la libération des otages des FARC toujours détenus. En novembre 2008, elle demande aux comités de soutien qui portent son nom de ne plus utiliser son nom. La fédération internationale des comités Ingrid Betancourt devient Fédération internationale des comités libertad pour la libération des otages en Colombie.Si l'ancienne député colombienne protège son droit à l'image, celle-ci a été largement dégradée par les révélations de trois de ses ex-compagnons de captivité. Dans Hors de captivité, écrit par trois mercenaires américains, la sacro-sainte Ingrid est tour à tour accusée de voler la nourriture des autres, de ne partager ni les livres ni les infos radio qu'elle se procurait, d'être au fond une personne "égoïste, arrogante et manipulatrice". Seul Marc Gonsalves est plus nuancé. Il rappelle qu'elle ne se plaignait jamais et que c'était "une dure".
Nom de naissance | Bétancourt |
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