Georges Courteline

Dramaturge et écrivain à l'humour à la fois grinçant et bon enfant, Georges Courteline doit son grand succès à ses descriptions amusantes et précises de ses personnages inspirés de sa vie antérieure de soldat puis de fonctionnaire. Georges Victor Marcel Moinaux de son véritable nom, est né à Tours le 25 juin 1858. Son père, Jules Moinaux (1815-1893), un journaliste qui s'est fait connaître grâce à ses vaudevilles, tente de dissuader son fils de faire de la littérature son gagne-pain tout en lui transmettant ce sens de l'esprit et de l'observation qui fera sa renommée plus tard. Les parents de Georges Courteline l'inscrivent au Collège de Maux où il se montre particulièrement réticent à la discipline et aux règles. Arrivé au baccalauréat, il se préoccupe plus de soirées festives que de révisions, et il échoue donc sans surprise aux examens. Lorsqu'il atteint la vingtaine, le jeune homme qui manque de carrure et d'adresse ne semble pas vraiment taillé pour le service militaire qu'il est appelé à accomplir en cette année 1879. Affecté à la Cavalerie basée à Bar-le-Duc, Georges Courteline ne porte pas longtemps l'uniforme puisqu'il s'arrange pour être écarté de l'armée pour des raisons de santé. Par la suite, Jules Moinaux parvient à décrocher pour son fils un poste au Ministère des Cultes grâce à ses connaissances. Georges Courteline passe alors près d'une quinzaine d'années à remplir des tâches ingrates et sans intérêt, entouré d'employés qui, pour la plupart, le frappent par leur comportement hautain et ridicule. Les quelques mois désagréables passés sous les drapeaux dans la garnison de Bar-le-Duc et ses quatorze ans de fonctionnariat ont tout de même eu le mérite de lui fournir la matière dont il se servira ultérieurement dans ses ouvrages satiriques. Georges Moinaux emprunte le pseudonyme de Georges Courteline à partir du début des années 1880 lorsqu'il se décide enfin à se lancer dans une carrière d'écrivain. Après avoir produit quelques articles dans divers journaux sans grande réussite, il connaît des débuts difficiles avec la parution de son premier livre en 1886 inspiré de son service militaire. Les Gaîtés de l'escadron, une description burlesque de la vie de soldat et des chefs militaires, reçoit tout d'abord un accueil mitigé du public qui n'apprécie que modérément les grossièretés et les termes peu élégants parsemant ses textes. Cependant, les réactions seront nettement plus encourageantes pour son auteur, quelques années plus tard, lors de la présentation de la pièce de théâtre adaptée du récit. Après avoir publié Les femmes d'amis en 1888, Georges Courteline renoue avec la satire, visant à nouveau les militaires dans Le Train de 8 heures 47. Le roman comique raconte les aventures d'un duo de soldats qui, chargés par leur capitaine de récupérer des chevaux, finissent par s’égarer à Bar-le-Duc. Salué par sa justesse, l’ouvrage fera aussi l'objet d'un film en 1934, sous la direction du réalisateur Henry Wulschleger et avec Fernandel dans le rôle de l'un des deux malheureux cavaliers. L'année 1893 est celle du décès de son père, mais aussi celle de la sortie remarquée de ses deux livres: Messieurs les ronds-de-cuir et Boubouroche. Le premier titre se penche avec dérision sur la vie de bureau animée par des employés qu'il trouve idiots et énervants, et régie par des procédures et des règlements ridicules. Messieurs les ronds-de-cuir est clairement le fruit de l'expérience personnelle de l'auteur au Ministère des Cultes. Boubouroche est pour sa part un récit écrit à la demande du cinéaste et homme de théâtre André Antoine(1859-1943), et à travers lequel Georges Courteline ridiculise cette fois-ci la petite bourgeoisie. Il poursuit sur sa lancée et avec un humour dénué de toute cruauté, il s'en prend tour à tour aux magistrats (Les Balances en 1901), à la vie de couple et à ses travers burlesques (La Peur des coups en 1894 et La Paix chez soi en 1903), et encore une fois à l'uniforme à travers Le Gendarme est sans pitié et Le Comissaire est bon enfant en 1900. La peinture que fait Georges Courteline des mœurs de ses contemporains grâce à sa plume quelque peu moqueuse, mais sans réelle agressivité, vaut à son œuvre de figurer parmi les grands classiques de la littérature française. Ses ouvrages sont ainsi largement représentés dans les manuels scolaires et universitaires. La reconnaissance de son travail et de son talent est également illustrée par la Légion d'Honneur qu'il reçoit en 1899 ainsi que par son élection à l'Académie Goncourt en 1926. Cette dernière consécration lui échoit trois ans avant sa disparition le 25 juin 1929 à Paris, le jour de son soixante-et-onzième anniversaire.