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Le premier épisode a choqué les fans, les journalistes et toute l'opinion publique. La série a-t-elle dépassé les bornes de l'horreur ?

Rarement la télévision avait atteint un tel sommet de violence. Bien sûr, The Walking Dead est une série d'épouvante, qui raconte la survie de quelques personnes dans un monde peuplé de zombies. Forcément, il y a des tripes, du sang et des moments d'angoisse totale. Mais le premier épisode de la saison 7 a clairement franchi un nouveau cap, livrant aux téléspectateurs 40 minutes de pur sadisme. Une torture visuelle et psychologique assez ignoble, qui a choqué les fans, la presse, et l'opinion dans son ensemble. Alors y a-t-il des limites à ne pas dépasser, même quand on fait une série d'horreur ? Attention spoilers !

The Walking Dead : les 7 chocs du premier épisode de la saison 7

C'est évidemment ce que pense le puissant lobby conservateur, Parents Television Council, qui est monté au créneau hier soir, en fustigeant cet épisode de The Walking Dead : "La série vient d'établir un nouveau seuil de violence, pour la télé câblée américaine. Ce season premiere est l'un des épisodes les plus violents graphiquement, que nous n'ayons jamais vu à la télévision", s'énerve le Président du PTC dans le Hollywood Reporter. "Ce spectacle brutalement explicite est une puissante démonstration du fait que les familles devraient avoir un plus grand contrôle sur ce que diffusent les networks".

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Le Parents Television Council est dans son rôle. Rien d'étonnant à ce qu'il soit choqué. Mais ce qui est plus surprenant, c'est que que même la presse a eu du mal à avaler ce spectacle insoutenable. Et elle n'a pas hésité à partager un certain dégoût, dans les reviews postées dans la foulée de la diffusion : "Je suis choqué. CHOQUÉ ! Et pas d'une façon qui me fait plaisir", écrit un journaliste du grand site populaire, TV Guide. "The Day Will Come When You Won't Be' ne restera pas comme l'épisode qui a sacrifié Abraham et Glenn. Il restera dans les mémoires comme un épisode excessivement gore. Et mieux vaut s'y habituer parce que choquer, c'est tout ce qu'il reste à The Walking Dead."

En France, le critique de Télérama, Pierre Langlais, condamne aussi le "gore jusqu'à l'écœurement" et explique que la méthode est à double à tranchant :  "À force de malmener ses personnages, de les soumettre aux pires sévices, de les laisser anéantis sur le bord du chemin, elle nous a coupé l'envie de continuer la route avec eux. Il y a des limites au masochisme."

The Walking Dead, saison 7 : une scène dévoilant une autre victime a fuité !

Car oui, il fallait être un peu maso pour s'infliger un tel supplice. Comment regarder sans broncher, des personnages auxquels on s'est attaché pendant 6 ans, se faire défoncer façon puzzle, dans une joyeuse ambiance sadique et perverse ? Certains n'ont pas pu. Beaucoup de fans ont ainsi clamé leur répugnance sur Internet.

Sur le site de TVLine, un grand sondage donne le ton : 53% des votants avouent avoir trouvé ce premier épisode beaucoup trop gore. Les réseaux sociaux sont aussi bardés de messages cinglants. De tweets désapprobateurs. De commentaires désemparés de fidèles de Walking Dead, qui ont du mal à se remettre du choc psychologique, étalé sur le goudron de ce season premiere.

Alors est-il normal d'être aussi perturbé après avoir regardé un épisode de série télé ? "Si nous tuons quelqu'un et que les téléspectateurs se disent 'Ok, ce n'est pas grave, allons manger un bagel', c'est que nous avons mal fait notre travail", se défend Greg Nicotero, au cours d'une conférence téléphonique qui se tenait hier soir, face à la presse américaine (cité par EW). Car oui, la polémique prend de l'ampleur. L'indignation aussi. Alors les producteurs de Walking Dead tentent d'expliquer, de justifier leurs choix résolument trash. "C'était important de commencer la saison en montrant vraiment tout ce dont Negan était capable, parce que cela va avoir un impact sur la direction que va prendre la série. "

Nicotero, qui a réalisé l'épisode en question, rappelle au passage que la BD dont est tirée la série est aussi particulièrement brutale. Lui même avoue avoir été "marqué par la mort horriblement graphique de Glenn, dans le comics." De fait, il confie avoir simplement essayé de capturer l'essence du choc de la bande dessinée, en faisant "un épisode intense".

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Sur ce point, il a parfaitement réussi. Et d'ailleurs, si cette ouverture de saison avait offert une mort trop lisse ou un 'kill' trop soft, fans et critiques auraient été les premiers à monter au créneau, en dénonçant une série devenue trop molle. On aurait certainement reproché à Walking Dead d'avoir gâché la mort de Glenn, si mémorable, dans l'histoire des Comics. Alors indéniablement, Nicotero et sa troupe sont parvenus à rendre hommage à l'oeuvre de Robert Kirkman.

Reste que l'ambiance extrêmement nauséabonde, qui a accompagné ces 40 minutes de télé, risque de porter préjudice au show, du moins à court terme. Autant les téléspectateurs bouleversés ont pu louer la dramaturgie d'un Red Wedding (en 2013 dans Game of Thrones). Autant, ils semblent aujourd'hui franchement dérangés par le contenu de ce season premiere. Du drame à l'ignominie, de l'effroi à la répulsion, de l'horreur au dégoût, il n'y a qu'un pas... que Walking Dead a certainement franchi dimanche soir. D'ailleurs, de nombreux fidèles annoncent publiquement ne plus vouloir regarder la série, en démonstration de leur mécontentement. Un hashtag #BoycottTheWalkingDead a même émergé sur Twitter.

Mais Greg Nicotero veut voir le positif dans toute cette polémique : "Leur menace signifie que nous avons créé quelque chose qui touche les gens d'une façon qu'il ne savent pas forcément gérer. Moi aussi j'ai été choqué après certains événements dans Game of Thrones. Mais vous savez quoi ? J'adore toujours la série. Et je veux toujours savoir où l'histoire va nous mener. Je pense que les gens ont eu une réaction impulsive parce qu'ils tiennent à nos héros. Mais c'est dommage que les gens réagissent de façon négative... surtout que la série a encore beaucoup de choses à offrir !"