La quête d'une créature légendaire est prétexte à une romance victorienne épuisante, embourbée dans ses clichés austeniens.
Encore une fois, Apple TV+ a mis les petits plats dans les grands pour servir sa nouvelle création maison hyper-léchée, une mini-série de luxe, produite avec soin et de beaux moyens, dans des décors à couper le souffle. Un conte ésotérique, qui jouit d'une photographie épatante et regorge de plans somptueux.
En adaptant le roman éponyme de Sarah Perry, The Essex Serpent nous ramène dans l’Angleterre victorienne pour suivre l'émancipation de Cora Seaborne, jeune et jolie veuve londonienne, passionnée par les sciences, qui décide de s’installer dans le comté d’Essex pour enquêter sur une créature légendaire : un serpent marin gigantesque, qui terrorise le village voisin. Chemin faisant, elle va s'enticher du beau pasteur local... déjà marié.
La quête d'un mythe sert ici d'allégorie à la découverte de soi, au fil d'une grande romance impossible, ostensiblement nourrie à Jane Austen. Cora s'inspire de ces grands personnages féminins de la littérature britannique, façon Elizabeth Bennet d'Orgueil et Préjugés. Intelligente, spirituelle et résolue à s'émanciper de ce monde d'hommes après la mort de son abusif époux, elle a l'ambition de s'imposer comme une héroïne féministe. Sauf que Claire Danes peine à lui donner du corps. Multipliant les mimiques grimaçantes et les regards fuyants, l'actrice américaine ne semble jamais savoir sur quel pied danser.
Malgré un de seconds rôles très solides et notamment l'étonnante Clémence Poésy, parfaite en femme de pasteur, son tango langoureux avec Tom Hiddleston sonne trop artificiel pour émouvoir. Une romance pompeuse et pompante, pas aidée par une narration à la lenteur épuisante. Sans rythme, sans entrain, ce très beau serpent finit par nous étouffer.
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