Ce true crime morbide camoufle une plongée violente dans les traumas adolescents. Elle Fanning y excelle, troublante d’ambivalence.
En 2017, la jeune Michelle Carter était reconnue coupable d’homicide involontaire pour avoir poussé son petit ami au suicide. Sordide et ordinaire de par l’apparente normalité de ses protagonistes,cette histoire ne pouvait qu’alimenter la machine à produire du true crime, à voir à partir de dimanche en France sur StarzPlay.
Après un docu HBO, voici la version série créée par Liz Hannah (Pentagon Papers) et Patrick MacManus (Dr. Death) qui remonte scrupuleusement le fil des événements en suivant, sur des lignes parallèles, l’enquête en cours jusqu’au procès et la relation entre les deux ados qui a conduit au drame. Au commencement, Michelle Carter, que personne ne semble connaître dans l’entourage de la victime, est une énigme. The Girl from Plainville questionne immanquablement son rôle dans ce fait divers. Mais, plus les épisodes s’enchaînent, plus celle-ci paraît insaisissable et déroutante. Elle l’est d’autant plus que la série peut compter sur l’interprétation d’Elle Fanning, sphinx marmoréen dans lequel semblent exister tout à la fois compassion et indifférence, douceur et acrimonie. Comme Dr. Death avant elle, The Girl from Plainville reste évasive sur la personnalité de son sujet. Ce que l’on aurait facilement pu lui reprocher, si la série n’en avait paradoxalement été aussi proche. En décrivant une jeune femme assaillie d’émotions contraires, un jeune homme rongé par la dépression et une relation fantasmée, le récit renferme le portrait d’une adolescence qui ne parvient pas à se cerner elle-même. Contre toute attente, la série exhale une infinie tristesse.
The Girl from Plainville, mini-série en 8 épisodes, à voir à partir du 10 juillet en France sur StarzPlay.
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