Un siège vide sur la scène des remises des prix a provoqué l’émotion à Berlin cette année : c’était celui de Jafar Panahi, le réalisateur iranien qui a remporté l’ours d’or pour Taxi et qui est bloqué en Iran par les autorités depuis 2010. Egalement interdit de tournage, Jafar Panahi défie constamment la censure pour continuer à faire un cinéma engagé.
Après sa victoire, il a déclaré à un média iranien : "Je suis vraiment heureux pour le cinéma iranien et pour moi, mais ce prix n’a pas de valeur tant que mes compatriotes ne peuvent pas voir mes films", a rapporté dimanche l’agence Ilna. "Les gens au pouvoir nous accusent de faire des films pour les festivals étrangers. Ils se cachent derrière des murs politiques et ne disent pas que nos films ne sont jamais autorisés à être diffusés dans les cinémas iraniens."
Une attaque frontale qui met à nu la carrière dangereuse du dissident, ses films comme Le Ballon Blanc (dans lequel le personnage principal est une petite fille) ou encore Sang et Or (qui parle du déséquilibre du système social iranien) ont tous été interdits sur le sol iranien.
La commission de censure locale veille en effet à ce que les productions cinématographiques soient en accord avec la "morale islamique" donc qu’ils contiennent les mêmes orientations politiques et religieuses que le régime. Ainsi, dans la même logique, la censure iranienne interdit de montrer au cinéma des vêtements faisant référence au modèle occidental, un contact physique entre un homme et une femme ou encore une femme non-voilée dans le domaine publique. Une réglementation qui s’applique souvent aux films étrangers.
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Dans Taxi, Jafar Panahi se met dans la peau d’un chauffeur de taxi et lance la discussion avec ses passagers qui lui racontent leurs malheurs ou leurs parcours, comme autant de tranches de vie dénonçant les travers de la société iranienne. Parmi ces histoires vraies, celle d’une jeune femme condamnée à la prison parce qu’elle s’était rendue à un match de volley masculin.
Longtemps assigné à résidence, Jafar Panahi a lui-même encouru une peine de 6 ans de prison qui ne s’est pas concrétisée depuis un relatif assouplissement du régime en 2014.
Ceci n’est pas un film, qu’il a tourné en partie avec un Iphone est l’un de ses plus grands succès. C’est un témoignage très fort des difficultés et des risques qu’il encoure au quotidien pour faire du cinéma en Iran. La copie présentée à Cannes en 2011, hors compétition, a été envoyée en France sous forme de clé USB alors que le film et son réalisateur n’avaient pas l’autorisation de quitter le territoire.
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