Alors que The Artist s'engage dans la dernière ligne droite des prix hollywoodiens, Thomas Langmann revient sur sa genèse. Et s'emporte contre le système de financement français.Ce soir, The Artist pourrait bien repartir avec quelques Golden Globes sous le bras. Ce serait le hold up du siècle à Hollywood et surtout de très bons augures pour la prochaine cérémonie des Oscars qui se tiendront fin février. D'ores et déjà, et même si les nominations n'ont pas encore été annoncées, The Artist est quoiqu'il en soit l'un des films favoris de la course. Parce qu'il a séduit tous les critiques et la majorité du sérail Hollywoodien (hormis Kim Novak), mais surtout parce que le film de Michel Hazanavicius a déjà reçu de nombreux prix américains prestigieux (notamment le Critic's Choice Awards). Une victoire aux Golden Globes serait un signe fort supplémentaire.Mais alors que le suspens est à son comble, Thomas Langmann s'exprime aujourd'hui dans les colonnes du JDD. A quelques heures de la cérémonie, Langmann revient sur son parcours personnel, mais surtout sur le financement de The Artist. Le dernier Nabab, comme le surnommait Jean Dujardin au moment du festival de Cannes, est un producteur atypique, dont la carrière oscille entre grosse machines populaires (Asterix aux Jeux Olympiques) et projets plus risqués, limite auteurisants (The Artist donc, mais aussi Mesrine). Une stratégie qu'il assume complètement : "Prendre des risques, réaliser le film d'un auteur, c'est ainsi que j'ai appris à faire du cinéma". En cela, Langmann est vraiment le digne fils de Claude Berri, mogul français qui pouvait produire la même année Banzai de Claude Zidi et L'Homme blessé de Patrice Chéreau. Comme il l'explique, "il faut des Boulet, Asterix, Mac pour produire Mesrine, Indigènes ou The Artist". Mais c'est sur le financement de The Artist que Langmann s'est emporté. Le producteur explique ainsi que "The Artist n'est pas un film entièrement français. On n'a eu aucune aide de la France; même pas l'avance sur recettes. Ils ous ont dit qu'on ressemblait à un film "bling bling". Alors que tout le monde s'accorde aujourd'hui sur l'intelligence et l'audace du film, au moment où le film devient le fer de lance de la qualité française à l'export, on comprend que Langmann ait la rancune tenace. Et qu'il ait envie de régler quelques comptes.Créée en 1959 par André Malraux, la commission d’avances sur recettes tente de promouvoir le cinéma indépendant hexagonal. Symbole de l’exception culturelle française, elle attribue chaque année 25 millions d'euros répartis entre une soixantaine de films. Pourtant, ce système a souvent suscité la controverse, ce que dénonce précisément Langmann : "C'est un comité de copinage qui pense devoir donner de l'argent à des films qui, sans eux, n'ont aucune chance de se faire. C'est triste car The Artist est la preuve que le cinéma d'auteur de qualité peut aussi être de qualité". Alors qu'il triomphe aux US, Langmann a donc décidé de se payer cette institution française. On ne sait pas l'accueil que The Artist recevra aux Oscars ou aux Golden Globes, mais en France,pas sûr que ce soit aussi chaleureux. D'ailleurs, dans la même interview, Langmann ne se prive pas de minorer (et d'égratigner) l'importance des César : "mon père ne l'a jamais eu. Ca ne me gène pas de vivre le même destin".A bon entendeur... salut.