En 1989, Steven Soderbergh et Andie McDowell parlaient de leur Palme d'or dans Première. Flashback.
En ce lundi 20 mai 2024, tout nous ramène à Sexe, mensonges et vidéo. Margaret Qualley, fille de l'une des comédiennes principales du film de Steven Soderbergh, Andie MacDowell, vient de faire sensation grâce à The Substance, de Coralie Fargeat, un "body horror movie" qui semble bien parti pour revenir de cette 77e édition avec des récompenses. Et pourquoi pas la Palme d'or ?
Il y a tout juste 35 ans, c'est Steven Soderbergh qui repartait du festival de Cannes avec ce trophée, pour son film mené par McDowell, donc, mais aussi James Spader -qui a d'ailleurs gagné le prix d'interprétation masculine cette année-là-, Peter Gallagher et Laura San Giacomo.
Cannes 2024 - Jour 6 : la sensation The Substance, l'aura de Kevin Costner, Souheila Yacoub déchainéeFin 2021, nous avions publié une longue analyse de cette œuvre dans Première Classics (n°17). Nous en repartageons quelques extraits pour patienter jusqu'à la rediffusion de Sexe, mensonges et vidéo, ce soir sur France 4. Notez que le film est également visible en replay, gratuitement sur le site de France.TV, et ce jusqu'au 31 juillet.
Pour commencer, nous comparions l'accueil de cette Palme d'or de 1989 à celle de Titane, de Julia Ducournau, reçue en 2021.
Steven Soderbergh a écrit une suite à Sexe, Mensonges et Vidéo pendant le confinement"Ceux qui ont reproché au Titane de Julia Ducournau son aspect bordélique peu conforme à l’idée qu’ils se faisaient d’une Palme d’or, revoyons ensemble Sexe, mensonges et vidéo du jeune Steven Soderbergh, lauréat de l’édition 1989, film certes plus resserré, mais qui partage avec le bolide cité plus haut une même envie de faire valser les normes.
Là où la Française joue des coudes pour faire de la place et se faire entendre, L'Américain s’interrogeait plus calmement sur le désir en berne de personnages dévitalisés à qui il fallait redonner vie, taclant au passage un cinéma américain qui ne battrait plus au bon tempo. Ici comme là-bas, il est question de « monstres » qui prennent chair (et cher !), entrent dans le cadre pour le dévorer de l’intérieur. « L’imperfection » supposée de leur travail respectif parle pour eux et les sautes d’humeur du récit extirpent une matière vivante tapie dans l’ombre pour la projeter en pleine lumière. Une image est par nature impudique et s’exhibe au plus offrant. Ducournau et Soderbergh font chacun danser des corps-marionnettes."
"La notion d’image reste d’ailleurs la grande affaire de Sexe, mensonges et vidéo, écrivions-nous aussi à propos de cette oeuvre unique en son genre. Puisque c’est à travers sa fabrication – ou plutôt son enregistrement – que le héros incarné par James Spader, prostré devant une télé à regarder des jeunes femmes qu’il a lui-même filmées, parvient à éprouver à nouveau du plaisir.
En 1989, ce n’est pas tant la question de l’identité sexuelle ni celle du genre qui travaille Soderbergh que la façon dont une jeunesse tout juste entrée dans le monde adulte s’accroche à une terne réalité aux dépens de ses rêves. Être, ne pas être, c’est donc peu ou prou la même chose. Pour son auteur, c’est très différent. Steven Soderbergh a 26 ans – et encore des cheveux –, lorsqu’il se rend au pupitre cannois, faisant de lui, aujourd’hui encore, le plus jeune palmé de l’Histoire. Il n’était rien et voilà qu’aujourd’hui il est le gardien du sommeil de ses nuits (et des nôtres aussi)."
(...)
C’est l’actrice Andie MacDowell, jeune mannequin, surtout connue pour avoir tourné dans Greystoke, la légende de Tarzan d’Hugh Hudson (1984), dont elle garde un très mauvais souvenir (elle a été doublée par Glenn Close pour faire plus british !), qui est la première dans l’aventure. Soderbergh qui croyait voir débarquer une jeune et jolie fille pas tragédienne pour un sou, « tombe à la renverse » à l’issue des essais.
"Ce que j’aime dans le film, c’est le fait de ne pas jouer une trop belle femme, confiait-elle dans Première lors de cette 42e édition cannoise. Je suis simplement une personne totalement vraie, authentique. Pour moi, parvenir à rendre cela aussi juste que possible a représenté un réel défi, et si j’y suis parvenu, c’est que j’ai gagné mon pari."
Toujours dans les colonnes de Première, voici ce que disait le jeune cinéaste à la toute fin des années quatre-vingt à propos de ce qui l'avait poussé à concevoir ce film.
"La vidéo me semble prendre une importance de plus en plus grande dans notre société. C’est inquiétant de voir comment la télévision a envahi notre culture et notre quotidien. C’est à un point tel que, quand on a vu quelque chose à la télévision, on a souvent l’impression de l’avoir vécu…"
Pour lire notre dossier complet sur Sexe, mensonges et vidéo, rendez-vous dans les kiosques. Le film est également disponible en VOD sur Première Max :
Andie MacDowell et Laura San Giacomo partantes pour la suite de Sexe, Mensonges et Vidéo
Commentaires