« Place au cinéma », présenté par Dominique Besnehard, sur France 5, rend ce soir hommage à Jean- Claude Carrière avec le film de Louis Malle qu’il a co- écrit.
Malle- Carrière troisième
Milou en mai met en scène les échanges très animées au sein d’une famille bourgeoise de province pour le partage de l’héritage de l’aïeule de la tribu, le tout sur fond de mai 68 qui bloque le pays. Louis Malle a imaginé ce film comme une parenthèse légère après Au revoir les enfants, le film de son retour en France après sa période américaine, qui revenait sur des souvenirs douloureux de son enfance pendant l’Occupation nazie où il avait vu un de ses camarades d’école juif arrêté avant d’être déporté. Un film qui avait triomphé en salles comme aux César. Louis Malle commence donc à développer cette histoire de personnages vivant les événements de mai 68 loin de Paris. Et une fois parvenu à une quinzaine de pages de traitement, il décide de faire appel à Jean- Claude Carrière pour finaliser ce scénario à quatre mains. Les deux hommes sont amis. Et Jean- Claude Carrière a déjà collaboré avec lui sur Viva Maria ! (pour lequel il a aussi signé la célèbre chanson Ah ! Les P’tites femmes de Paris) en 1965 et Le Voleur en 1967. Le film attirera 1,3 million de spectateurs et sera récompensé par le César du second rôle féminin attribué à Dominique Blanc.
L’une des deux B.O. signées Stéphane Grappelli
La musique constitue un personnage à part entière de Milou en mai. Et elle est signée par un violoniste de génie Stéphane Grappelli. Si on a pu entendre certains de ses morceaux dans de nombreux films (de La Piscine de Jacques Deray au récent Django d’Etienne Comar en passant par le New- York New- York de Martin Scorsese, Matrix des Wachowski… et le Lacombe Lucien de Louis Malle), Milou en mai n’est cependant que la deuxième BO qu’il a composée pour le grand écran, seize ans après celle des Valseuses de Bertrand Blier. Et ce sera hélas aussi la dernière. Il s’éteindra le 1er décembre 1997 à 89 ans.
Deux débutantes célèbres
Si Michel Piccoli en tient avec une irrésistible faconde le rôle central, Milou en mai se déguste comme un savoureux film choral dans lequel deux comédiennes font leur tout premier pas devant la caméra. Valérie Lemercier que le grand public venait tout juste de découvrir à la télé dans Palace et Jeanne Herry, la fille de Miou- Miou (une autre des héroïnes de Milou en mai) qui incarne à l’écran la petite fille de Michel Piccoli avant qu’on la retrouve plus tard dans Gabrielle de Patrice Chéreau, Jean- Philippe de Laurent Tuel et J’attends quelqu’un de Jérôme Bonnell puis d’entamer des années plus tard une carrière derrière la caméra avec Je l’adore et Pupille. Mais Milou en mai marque aussi une triste dernière : celle de Bruno Carette dans ce qui est donc resté comme son unique grand rôle – pourtant ô combien prometteur – au cinéma. Il décèdera en effet soudainement en décembre 1989 à seulement 33 ans juste quelques semaines avant la sortie en salles de Milou en mai.
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