Sébastien Vaniček et son premier film Vermines
Tandem

Le réalisateur de Vermines a été embauché pour écrire et tourner le nouveau film Evil Dead. Il nous raconte les coulisses de cette évolution totalement folle.

Première : La dernière fois qu'on s'est parlé, tu me disais que tu avais un peu peur de perdre le contrôle créatif de tes films à Hollywood, malgré des propositions alléchantes. Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?
Sébastien Vaniček : Après quelques rendez-vous avec les studios américains, j’ai vite vu que j’allais être contraint. Ma liberté créative n’était pas centrale pour eux, et je voyais bien que je n’avais pas une énorme importance pour le projet. Que ce soit moi ou un autre réalisateur, ça ne changeait pas grand-chose à leurs yeux. Et puis j’ai eu un entretien avec Ghost House Pictures [la société de production de Sam Raimi], durant lequel j'ai senti un vrai intérêt pour ma façon de travailler. Quand on me parle de mon film, je mets tout de suite l'accent sur le fait que c'est un travail choral, et qu'il est essentiel pour moi de bosser avec mes équipes. Et au moment où tu dis ça à des Américains, ça fait vite le tri ! L’équipe Ghost House avait une réelle envie de bosser avec moi, à ma manière. Et quand ils m'ont proposé de réfléchir à un film Evil Dead, j'ai posé mes exigences : tourner avec mes techniciens, faire la post-production en France, écrire le scénario... Ça tombait bien, c'était leur idée était que ce soit un film 100 % original, dont j'aurais la maîtrise totale. Sam Raimi est un producteur très protecteur de la vision des gens avec qui il travaille. On a pu le voir avec les derniers Evil Dead et Don't Breathe, par exemple. Des films de jeunes réalisateurs, qui ont fait leurs premiers pas à Hollywood pour l’occasion. Beaucoup de signaux étaient au vert. Alors, quand ils ont fait officiellement la proposition, je me suis débrouillé pour avoir des garanties.

Tu leur as tout de suite demandé d'écrire avec Florent Bernard, avec qui tu avais co-scénarisé Vermines ?
Oui, et ça ne leur a posé aucun problème. Ils n'avaient pas scénario ou synopsis à me proposer. Ils m'ont dit : "Tu connais notre univers et notre cahier des charges, quelle histoire imaginerais-tu pour Evil Dead ?" J'ai donné mes premières idées à Florent et on a commencé à écrire. Quand je suis finalement allé à Los Angeles, j’avais un dossier de 15 pages sous le bras avec des dessins, exactement ce que j'avais fait pour Vermines. J'ai posé ça sur la table en leur disant que c’était ce à quoi ressemblerait notre Evil Dead à Florent et moi. Ils ont flashé dessus. Ils avaient visiblement reçu d'autres propositions, mais rien n'avait pris.

Tu as dit à nos confrères de Konbini que le personnage principal sera français. Ce qui veut dire que l'intrigue pourrait se passer ailleurs qu'aux États-Unis ?
Quoi qu'il arrive, ils ne tournent jamais aux États-Unis mais en Nouvelle-Zélande. Les Evil Dead sont souvent des huis clos, ce qui permet au monde entier de s'identifier. Pour l’instant - et j'espère que cela changera pas -, le personnage principal parle en anglais mais est effectivement Français, et se retrouve entouré de personnages américains. Mais je veux absolument garder mon ADN français.

Toutes proportions gardées et en toute humilité, j'ai envie de faire un move à la James Cameron sur Aliens. C'est-à-dire qu'on sache que ce Evil Dead est le mien, qu'il porte ma signature. Mon objectif de carrière est de faire des films qui parlent en mon nom, des films où on reconnaît ma patte. Je ne veux pas me perdre dans une franchise et juste faire un Evil Dead de plus. Il faut vraiment qu'il sorte du lot. Tout ça est vertigineux et ça fait un peu peur, je ne vais pas te mentir (Rires.) Mais franchement, j'y vais confiant.

Alexandre Aja a été un guide pour toi au niveau des États-Unis. Tu as beaucoup discuté de ce projet avec lui ?
Pas au niveau de la création mais sur ce que cela veut dire de travailler avec les Américains. Il m'a appris à être prudent. Il a lui-même déjà bossé avec Sam Raimi et Ghost House, et il a adoré l’expérience. Donc ses conseils étaient précieux. Il m'a dit de foncer et que j'avais les épaules pour aller aux États-Unis sans m'y perdre. Je ne veux pas devenir « le réalisateur français qui part aux US » : mon objectif est de ramener la France là-bas, mais aussi de rapporter un peu des États-Unis chez nous.

J'ai d'autres films 100 % français dans les cartons, qui pourraient vraiment bénéficier d'un apport américain. Et j'ai la chance qu'ils s'intéressent à mes projets, à notre pays, à nos légendes... Il y a un pont qui est en train de se construire entre nos deux pays, et que j'ai très envie d'exploiter à l’avenir. 

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