Camille Vidal-Nacquet signe un premier film éprouvant mais bouleversant sur un jeune prostitué en rupture de ban.
Dans 120 Battements par minute, il n’avait pas le premier rôle mais il captait l’attention à chaque apparition malgré le charisme de ses partenaires, Arnaud Valois et Nahuel Pérez Biscayart : c’est encore le cas dans Sauvage où Félix Maritaud campe un prostitué gay et SDF, en quête d’amour. L’œil las mais la lèvre hautaine, la silhouette dégingandée mais l’érotisme chevillé aux pectoraux, il électrise l’écran de sa présence animale et provocante. Une révélation évidente, définitive. L’amour, son personnage croit le trouver auprès de Ahd, compagnon d’infortune qui nie son homosexualité et rejette ce Léo tout en le protégeant. Car le jeune homme s’abîme dans la drogue et dans les plans cul extrêmes qui martyrisent son corps. Léo a 22 ans mais le physique d’un vieillard... Pour son premier long métrage, Camille Vidal-Naquet jette un oeil sans concessions sur le monde interlope de la prostitution masculine dont il ne fait pas mystère de la violence et du masochisme. On n’est notamment pas prêt d’oublier la séquence choc où Léo “consent” (il est drogué) à être la chose d’un couple de sadiques qui le traitent pire qu’un animal. Rythmé par des séances régulières chez le médecin, Sauvage soulève -avec une belle puissance impressionniste rappelant les meilleurs Téchiné- un débat de santé public autour des marginaux de toutes sortes dont Léo est un exemple aussi tragique que romanesque.
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