Zarafa
Pathé

Le film d'animation revient ce soir sur Gulli.

En 2012, Rémi Bezançon, le réalisateur d’Un heureux événement, a co-créé avec Jean-Christophe Lie un magnifique film pour enfants, Zarafa. Nous l'avions rencontré pour en parler. Une interview aujourd'hui repartagée à l'occasion de la rediffusion du film d'animation sur Gulli.

Première : Dans le dossier de presse, vous confiez avoir écrit le scénario en 2001, avant de réaliser votre premier film. Vous destiniez-vous à l’animation ?
Rémi Bezançon : À l’époque, je voulais surtout être scénariste. J’ai écrit Zarafa avec mon compère Alexander Abela, qui m’avait raconté cette histoire vraie incroyable, celle du voyage de la première girafe en France au début du 19ème siècle. On se disait alors qu’on allait vendre le scénario et... on s’est pris des portes ! Le seul qui était intéressé, c’était Didier Brunner des Armateurs, mais il était en plein dans Les Triplettes de Belleville et nous a demandés de revenir le voir plus tard. Puis, la vie a fait que j’ai tourné mon premier film (Ma vie en l’air) et remisé le scénario de Zarafa. Je l’ai ressorti après Le premier jour du reste de ta vie, toujours avec l’idée de le vendre, pas de le réaliser. Valérie Schermann, productrice de Prima Linea, m’a dit banco mais uniquement si je le cosignais avec quelqu’un venant de l’animation. C’était à la fois pour une question de financement et de crédibilité.

Le premier jour du reste de ta vie est un film sensible et drôle à la fois [critique]

Quel rapport entretenez-vous avec l’animation ?
Le premier film que j’ai vu, c’est Peter Pan. Je me rends compte, aujourd’hui, à quel point ses thèmes m’ont influencé : le paradis perdu de l’enfance, l’apprentissage de la vie d’adulte, etc. On retrouve tout ça dans Zarafa et mes autres films. Sinon, je suis comme tout le monde friand des vieux Disney, de Pixar et de Miyazaki.

Aujourd’hui, on s’étonne encore qu’un réalisateur traditionnel passe à l’animation. D’ailleurs, quand ils le font, je pense aux Farrelly (Osmosis Jones) ou à Wes Anderson (Fantastic Mr. Fox), les films, bien que réussis, ne marchent pas. Comment l’expliquez-vous ?
Il faut savoir que pendant longtemps, les réalisateurs de films d’animation, spécialement aux Etats-Unis, n’étaient pas identifiables : on allait voir un Disney, pas un film de Hamilton Luske. La donne a changé avec Pixar où les réalisateurs ont repris la main sous l’impulsion de John Lasseter mais il n’empêche qu’on va toujours voir le dernier Pixar. C’est peut-être ce qui manque à Fantastic Mr. Fox, que j’adore :  il s’agit d’un film de Wes Anderson, frontal, symétrique, maniaque, pas vraiment d’un film familial ou de studio. Il porte sa signature et n’a donc pas élargi son public habituel. En coréalisant Zarafa avec un spécialiste de l’animation, j’ai pour ma part l’impression d’avoir fait un film personnel nourri de la vision de Jean-Christophe, et inversement.

À aucun moment, il n’a été question de 3D ?
Jamais. La 3D, c’est pour moi du marketing et rien d’autre. Aux USA, ils se rendent d’ailleurs compte que ça intéresse de moins en moins de monde. Le phénomène va également se produire en France. Je rencontre beaucoup d’exploitants et je ne comprends pas pourquoi des petites salles s’équipent en 3D. En fait, si, je sais pourquoi : un film en 3D, c’est deux ou trois € de plus par place. Ce n’est pas très correct.

Si Zarafa est un succès, on va sûrement vous encourager à faire d’autres films d’animation. En avez-vous envie ?
On a des projets avec Jean-Christophe, qui dépendront du succès de Zarafa. Sa sélection à Berlin est en ce sens très encourageante. Ca va nous ouvrir d’autres marchés.

En attendant, avez-vous un film traditionnel en préparation ?
J’ai écrit un scénario avec Jean-François Halin (la série des OSS 117), intitulé Nos futurs. Ca raconte une triple crise de la quarantaine, dans l’esprit de mon premier film, Ma vie en l’air. J’espère entamer le tournage à la fin de l’année.
Propos recueillis par Christophe Narbonne

Bande-annonce de Zarafa : 


À voir Zarafa, on se dit que la 2D a encore de beaux jours devant elle [critique]