Pourquoi Antonio Banderas ne voulait pas tourner Zorro 3
Sony/Première

Dès l'été 1998, l'acteur racontait dans Première qu'il ne ferait qu'une seule suite.

Le Masque de Zorro a fêté ses 25 ans durant l'été (en France, cet anniversaire tombe précisément le 14 octobre 2023). Première fouille dans ses archives, car à l'époque, le film d'aventure de Martin Campbell avait créé l'événement, sortant après six ans de gestation et des changements d'équipe majeur.

En produisant l'adaptation morderne des aventures de ce héros mexicain, Steven Spielberg souhaitait au départ embaucher Mikael Salomon, alors remarqué comme directeur de la photo d'Abyss ou de Backdraft pour le mettre en scène avec Andy Garcia (Le Parrain 3). Puis il a songé à réunir Robert Rodriguez, Antonio Banderas et Salma Hayek, soit le trio gagnant de Desperado. Seul l'acteur phare du cinéma de Pedro Almodovar restera finalement impliqué dans le projet, réalisé par Martin Campbell suite au succès de Goldeneye. En couverture de notre numéro de septembre 1998, à l'occasion de sa présentation en avant-première au festival du cinéma américain de Deauville, Banderas racontait cette expérience dans Première. Voici quelques extraits de son entretien, mené par Jacques-André Bondy.

 

En revanche, contrairement à l'exemple de Michael Keaton, qui a vu succéder plein de comédiens dans le costume de Batman, Zorro n'a finalement plus eu d'adaptation à Hollywood. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais tous les projets annoncés (avec Gael Garcia Bernal, en mode post-apocalyptique par Jonas Cuaron...) sont morts-nés.

Catherine Zeta-Jones avec Anthony Hopkins dans Le Masque de Zorro (1998)
TriStar Pictures et Sony Pictures Home Entertainment

A propos du bon démarrage du Masque de Zorro : "C'est bien, ça détend ma carrière. Cela devrait me permettre de choisir des projets de meilleure qualité. (…) Depuis sept ans que je travaille en Amérique, j'ai connu quelques succès, mais jamais en tant qu'acteur principal (il cite les scores au box-office d'Entretiens avec un vampire et Philadelphia, ndlr). (…) J'ai dû me battre comme un lion. Je suis le seul acteur espagnol à avoir jamais réussi çà Hollywood. (...) Oui, c'est bizarre (que Steven Spielberg sorte Il faut sauver le soldat Ryan seulement une semaine après Zorro, qu'il a produit). Mais les sociologues du marketing ont la réponse. Apparemment, le public de Ryan est différent du notre et ça ne devrait pas lui nuire. On est surtout en compétition avec Mary à tout prix. Ils sont dans notre dos, prêts à nous attraper la cape."

Effectivement, la comédie des frères Farrelly a cartonné dans les salles américaines en août 1998. Le film a fini sa course à 176 millions de dollars là-bas, et Zorro, 94 millions. Dans le monde, ces deux concurrents ont cumulé respectivement 369 et 250millions de dollars.

En France, Le Masque de Zorro est sorti quelques mois plus tard. Il a également bien marché, attirant 3,4 millions de spectateurs en salles, soit 100 000 curieux de moins que Mary à tout prix. In fine, le Soldat Ryan les aura tous les deux battus, fort de 482 millions de dollars de recettes sur la planète et 4,1 millions d'entrées dans l'Hexagone.


Steven Spielberg : "En fait, la majeure partie de ma carrière tend vers Il faut sauver le soldat Ryan"

A propos de son accueil critique positif : "C'est rare pour un film d'action ou d'aventure. Ca vient peut-être du fait que ce film est un peu plus qu'un simple collage d'effets spéciaux. Ca ressemble plus à un western. Je crois que les gens apprécient le mélange des styles. Ca commence comme une tragédie, on saute à la comédie avant de passer à la romance et au côté épique et à la fin, je crois que c'est l'équilibre entre tout ça qui rend le film 'honnête'. Le film ne se prend pas au sérieux ou pour plus que ce qu'il est."

Le Masque de Zorro : le dernier film de son espèce

A propos de son implication personnelle dans le projet : "J'ai fait autant de cascades que j'ai pu. A l'épée, c'est bien moi, de A à Z. Personne n'a touché mon épée. (…) Le maître d'armes avait 73 ans, mais croyez-moi, personne ne peut le toucher. Avec les chevaux et l'épée, on peut se casser quelque chose comme un rien (il énumère alors les blessures subies par des cascadeurs sur le tournage). Pour moi, seulement quelques coupures et beaucoup de courbatures. Et l'étalon noir n'était pas commode. Mais il y a des choses que je n'étais pas autorisé à faire. C'est normal : si l'acteur principal se blesse, vous avez 500 personnes en plan."

A propos d'une potentielle saga : "Franchement, ça dépend déjà du public. Il faut que le film fasse au moins 85 millions de dollars de recettes. Là, je tournerai une suite, à deux conditions. Un, qu'il y ait un bon script ; deux, que Martin Campbell soit à la réalisation. Je ne crois pas que Rodriguez accepterait, c'est Martin qui a créé le concept. Ce qui serait sans doute intéressant dans une suite, ce serait de développer encore le personnage en utilisant l'expérience du premier. Mais je ne crois pas que j'en ferai un troisième. Je trouve que c'était très malin de la part de Michael Keaton d'abandonner Batman. Il a lancé le personnage, en a tourné un deuxième, et retraite. Et la saga continue."

Suite au joli succès critique et public du Masque de Zorro, sa suite, intitulée La légende de Zorro, est sortie ans plus tard. Elle était toujours mise en scène par Campbell, mais elle a reçu un accueil un peu moins chaleureux : des avis plus mitigés et "seulement" 142 millions de dollars de recettes mondiales. Comme il l'avait annoncé, Antonio Banderas est passé à autre chose : dès 1998, il tournait son premier film en tant que réalisateur, La tête dans le carton à chapeau, avec sa femme Melanie Griffith, puis il est revenu à un cinéma plus indépendant.

Le Masque de Zorro est à (re)voir sur Première Max