Pattaya
Gaumont

Vraie-fausse suite des Kaïra, Pattaya est surtout le meilleur Very Bad Trip français qu'on puisse voir.

Pattaya reviendra à 21h15 sur TMC. Depuis la sortie de cette comédie réussie, en 2016, Franck Gastambide a tourné Taxi 5, puis la série Validé, dont la première saison vient de connaître un joli succès sur Canal +. En attendant des nouvelles de sa suite, voici la critique de Pattaya publiée dans Première à sa sortie.

Quand on lui pose la question, Franck Gastambide est catégorique : non, Pattaya n'est pas Les Kaïra en Thaïlande. Pourtant ça a bien la gueule d'un Kaïra reloaded, avec son trio de héros couillons -le beur, le nain et Franck lui-même- partis faire la teuf à Pattaya. Enfin, pas vraiment les mêmes acteurs et pas vraiment pour faire la teuf mais pour participer à un tournoi de baston de nains organisés par le Marocain (Gad Elmaleh), sifu à l'accent nord-africain d'un temple d'arts martiaux dont les élèves sont tous de petite taille. Difficile d'en dire plus tant le film fait fonctionner ses ressorts comiques sur la surprise pure et agressive, sur les tartes dans la gueule les plus osées et suprenantes, mais ce bref résumé a le mérite de vous indiquer où vous mettez les pieds. Préparez-vous à des vannes sans filet sur la burqa, le Coran, la diarrhée, les transsexuels, un orang-outan, les nains évidemment. C'est tout bonnement à pleurer de rire.

L'ouverture avec le héros qui se vante d'avoir fait croire à un nain musulman (superbe Anouar Toubali) qu'il allait partir en pèlerinage à la Mecque décolle très haut. En voyant ensuite Francky, fan de muscu dont le but dans la vie est de ressembler à Vin Diesel, difficile pour le spectateur de croire qu'il s'est planté de destination. Du point de vue rythme, les trente premières minutes collent une sévère dégelée à la concurrence. Au-delà Pattaya veut jouer dans les pattes de Zoolander ou de Frangins malgré eux, dans le royaume de la connerie suprême et absolue qui nourrit en permanence le film. Francky envoie un gentil SMS à son ex pour la prévenir qu'il part en Thaïlande et elle lui répond aussitôt "j'espère que tu vas choper le SIDA". Kaïra 2, pas Kaïra 2, peu importe. Gastambide emprunte plutôt son énergie et son ambiance au très sous-estimé Very Bad Trip 2 mais garde ses héros dans son univers parodique, reflet à peine déformé de notre réel.

 

Les Kaïra en cinq scènes délirantes

Dans l'univers de Pattaya, on regarde L'Ile des gros et Enquête abusive à la télé, on prend Inchallah Airlines, et une kaïra a ouvert un kebab/chicha en Thaïlande comme Seth Gueko l'a fait dans la vraie vie. En passant, Ramzy joue cette version parodique de Seth après avoir fait un Morsay à peine déformé dans Les Kaïra et fournit un plaisant motif récurrent (la figure du rappeur débile) à la filmo de Gastambide. Car il faut bien parler de "film de réalisateur" tant Pattaya développe l'univers très personnel et sue toute l'énergie de son réal qui s'éclate à reproduire plan par plan Kickboxer ou à faire partir son nain muslim en pleine montée d'ecstasy dans une teuf fluorescente. Au sein du paradigme de la comédie française étiré entre deux extrêmes - deux-pièces cuisine ou délire mal imité des Américains (Babysitting & Co) -, le trash Pattaya fait un bien fou. On ne vous en dit pas plus et on ne dévoilera pas non plus le plan final (encore heureux !) qui a pu permettre à certains en sortie de projo de se demander si, au fond, Gastambide ne se foutrait pas un peu de notre gueule. Spoiler alert : bien sûr que oui, et c'est ça qui est bon.

Bande-annonce de Pattaya :


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